Le Sénat a renforcé l’arsenal de lutte contre la fraude aux allocations chômage en donnant à France Travail des outils pour vérifier le lieu de résidence des allocataires. L’opérateur public pourra ainsi consulter les relevés téléphoniques, ou encore interroger le fichier des compagnies aériennes. Cela ouvrirait alors la voie à une suspension conservatoire de toutes les allocations lorsque « plusieurs indices sérieux de manœuvres frauduleuses » sont observés. Dans les faits, cela revient à introduire une forme de surveillance généralisée des demandeurs d’emploi assimilés à des fraudeurs potentiels, et plus particulièrement celles et ceux issus de l’immigration. Petit rappel : ce qu’on appelle la fraude sociale, c’est-à-dire la fraude aux cotisations sociales, aux prestations sociales et aux remboursements maladie, représente entre 9,6 et 11,7 milliards d’euros par an. En comparaison, la fraude fiscale, celle qui concerne les plus riches et les grandes entreprises, se monte à entre 80 et 100 milliards d’euros, soit environ dix fois plus. Ce qui n’empêche pas le Sénat, largement dominé par la droite, de s’en prendre avec véhémence à la première, qui concerne les plus précaires, mais de tout faire pour ignorer la seconde et épargner les grandes fortunes.