Nos vies valent plus que leurs profits

Quel avenir pour le Moyen-Orient ?

En dehors de Trump, les dirigeants occidentaux se raccrochent à la fiction de la « solution à deux États » prévue par les accords d’Oslo, qui n’a donné naissance qu’à une « entité palestinienne » que les gouvernements israéliens se sont dépêchés de saucissonner, pour aboutir à une « autorité », qui n’a d’autorité que sur les flics qu’elle envoie contre ceux qui protestent contre la corruption généralisée.

Quant à la solution dite « à un État » – un territoire englobant Israël et les territoires palestiniens et où il n’y aurait que des citoyens égaux –, dont certains parlaient, y compris parmi les Palestiniens, avant le déclenchement de la guerre actuelle, on imagine mal comment elle pourrait séduire quiconque avec le système d’apartheid qui vaut aussi pour les populations arabes qui sont restées en Israël, et tant le fossé creusé entre les populations israéliennes et palestiniennes s’est creusé et rempli de sang.

Il ne peut y avoir de solution au sens propre du terme dans un cadre conçu dès le départ pour institutionnaliser l’exclusion des Palestiniens. Pour ces derniers, comme pour tous ceux qui souhaitent un Moyen-Orient débarrassé de la guerre permanente, il faudra donc une tout autre politique que celle, étroitement nationaliste, défendue depuis près de soixante ans par les organisations palestiniennes, qu’elles soient laïques comme le Fath ou le FPLP, ou confessionnelles comme le Hamas ou le Djihad islamique. Le peuple palestinien a durement payé l’impasse dans laquelle le nationalisme a canalisé sa révolte.

Plus de la moitié des 14 millions de Palestiniens vivent en dehors des territoires palestiniens et israélien, surtout dans les pays arabes voisins, dont les dirigeants n’ont pas levé le petit doigt pour les défendre, mais dont les peuples manifestent leur solidarité dès qu’ils le peuvent. Il faudrait un mouvement « transnational », non un retour du panarabisme des Nasser et Hafez el-Assad, mais un mouvement internationaliste, socialiste et révolutionnaire. Un rassemblement de tous les peuples de la région qui subissent le joug des dictatures et le pillage des richesses par les multinationales, notamment pétrolières. Un mouvement qui s’efforcera de toucher le cœur des classes populaires israéliennes, elles aussi aliénées par la guerre permanente entretenue par leurs dirigeants, pour les faire rompre avec leur État. Même si la tâche semble difficile pour l’instant, les Israéliens opposés au sionisme et à sa logique mortifère existent.

Seul un programme de classe permettra d’unifier les classes opprimées de tout le Proche-Orient contre les dictatures qui ensanglantent la région.

Cela peut paraître utopique, alors que ce sont les destructions, la famine, les morts qui sautent aux yeux. Mais l’humanité a connu d’autres bourbiers dont personne ne la voyait sortir, à commencer par les tranchées de la Première Boucherie mondiale. De la boue et du sang a jailli une révolution à vocation internationale qui a bouleversé le monde et a manqué de peu de jeter bas le système capitaliste.

Jean-Jacques Franquier

 

 


 

 

Articles sur la Palestine publié dans Révolutionnaires no 46