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La Gen Z Madagascar : deux mois après la révolution

Depuis le renversement de Rajoelina, le 11 octobre 2025 par un mouvement populaire, quelques personnalités importantes de l’ancien régime sont inquiétées par la justice. Mais l’essentiel des députés et personnel de l’ancienne coalition présidentielle sont toujours en poste. Certains sont même devenus ministres ! Selon le plan du Premier ministre, le banquier Herintsalama Rajaonarivelo, le processus de « refondation » du pouvoir doit durer deux ans, avec un gouvernement civil encadré par le président et colonel Randrianirina. Le nouveau pouvoir promet à cette échéance une nouvelle Constitution.

La bourgeoisie internationale a vite adopté le nouveau régime

Dès son investiture le 17 octobre, Randrianirina a tenu à « rassurer les partenaires techniques et financiers » et à donner des gages pour l’instauration d’un « climat des affaires apaisé ». Les institutions internationales et les capitalistes l’ont pris au mot. L’Union africaine a réintégré Madagascar dans ses instances. La Banque africaine de développement et le FMI, deux bailleurs de fonds importants pour Madagascar, ont rencontré le ministre de l’Économie le 28 novembre pour discuter infrastructures, filière agricole et budget de l’État. La Banque mondiale a confirmé maintenir tous ses crédits. Macron s’est positionné comme partenaire potentiel du nouveau pouvoir, ce qui a fait revenir Randrianirina sur ses déclarations concernant la fuite de Rajoelina grâce à un avion militaire français. Celle-ci n’est désormais plus « confirmée ».

Le gouvernement promet et sème les illusions de la démocratie parlementaire

D’un côté, la Gen Z se méfie du nouveau pouvoir et organise des conférences dans plusieurs villes pour maintenir la contestation. Elle demande une enquête judiciaire indépendante sur la mainmise depuis des années des milliardaires Hiridjee et Akbarali sur l’énergie électrique. Elle demande la poursuite de Rajoelina pour corruption et haute trahison. Elle dénonce la corruption de la Commission électorale nationale indépendante, censée organiser les prochaines élections dans deux ans. Mais d’un autre côté, elle joue le jeu des institutions. Certains jeunes ont même été reçus à leur demande par le ministre de l’Industrialisation afin d’apporter leur solution « au cœur du gouvernement ».

Le nouveau régime se contente de lancer de la poudre aux yeux en promettant des poursuites judiciaires, en promettant des changements dans l’approvisionnement en eau et en électricité, en promettant… que des promesses !

Pourtant, les promesses font encore mouche. L’espoir dans les changements, la qualité de vie et la fin de la corruption domine encore largement chez les jeunes, engagés ou non. Mais beaucoup sont méfiants. En bref, on « attend de voir ». Les anciennes têtes sont encore aux commandes. Or, la force de la lutte qu’a suscitée le renversement de Rajoelina est encore vivante. La Gen Z pourrait rappeler à des manifestations et les Malgaches se révolter à nouveau, cette fois-ci contre l’ensemble des politiciens en place.

Arvo Vyltt

 

 

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