Nos vies valent plus que leurs profits

Travailleurs de tous les pays, unissons-nous !

Vendredi 2 juin, un rassemblement d’une centaine de travailleurs venus des usines de Stellantis en Italie s’est tenu devant le siège de l’entreprise, à Poissy. Il était organisé par la Fiom, fédération de la métallurgie de la CGIL (le principal syndicat italien), avec le soutien de la CGT.

Les usines automobiles italiennes tournent au ralenti et connaissent régulièrement de longues périodes de chômage partiel, mais en même temps, dans certains ateliers des heures supplémentaires et des cadences infernales à cause des suppressions de personnel. Ces trois dernières années en Italie, 7000 emplois ont été supprimés chez Stellantis et ses sous-traitants et un accord signé par la direction et les fédérations syndicales (à l’exception de la Fiom) prévoit encore 2000 départs « volontaires » au cours des deux prochaines années.

La Fiom reproche à Tavares, le PDG de Stellantis, de délaisser les usines italiennes. Dans une interview, Michele De Palma, le secrétaire général de la Fiom, en affirmant « nous n’allons pas à Paris contre les travailleurs français », dit que le gouvernement italien « ne peut pas fermer les yeux en allant inaugurer des usines en France, mais doit participer à une négociation en Italie, en mettant sur la table les ressources nécessaires au développement ». Il demande à Tavares de doubler la production des voitures en Italie, en la passant de 450 000 à un million par an.

La multinationale Stellantis, née de la fusion de PSA avec FCA (Fiat Chrysler) est le quatrième groupe automobile mondial, avec une présence industrielle dans 30 pays. La direction du groupe cherche à mettre les différents établissements en concurrence et la réorganisation en cours, avec le passage à la voiture électrique, ne fait qu’empirer la situation. Le patron joue au monopoly en déplaçant la production et même les ouvriers d’une usine et d’un pays à l’autre. Cela ne doit pas conduire à une rivalité entre travailleurs, chacun revendiquant des investissements dans « son » usine.

Par-delà les frontières, les travailleurs subissent la même politique, alors le problème n’est pas d’avoir plus d’investissements ou d’être plus compétitif que le voisin. Si Stellantis veut supprimer l’une des deux lignes de production à l’usine de Melfi, en Italie méridionale, en supprimant 3500 emplois, l’usine de moteurs de Douvrin, dans le nord de la France, est menacée de fermeture avec la suppression de 1200 emplois. Et les suppressions d’emplois, les fermetures d’usines jugées « non rentables » par Tavares et les actionnaires de Stellantis, au premier rang desquels les familles Peugeot et Agnelli, ne concernent pas seulement l’Italie ou la France.

Alors, les travailleurs doivent s’unir par-delà les frontières pour exiger la répartition des productions et du travail entre tous, pour garder leurs emplois et travailler moins, pour que certains ne subissent pas des cadences infernales pendant que d’autres sont mis au chômage.

Thierry Flamand