Le militant algérien Kamel Aissat, après avoir été bloqué à l’aéroport et interdit de voyage à l’étranger, vient d’être condamné, le 16 juillet dernier, à une assignation à résidence avec obligation de se présenter au juge tous les 15 jours. Le « crime » officiel, pour lequel il était trainé devant le tribunal et menacé d’une peine pouvant aller jusqu’à un ou trois ans d’emprisonnement était la « diffusion d’informations » jugées susceptibles de « porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics ». Le juge n’a quand même pas osé aller jusque-là. Il faut dire que les « informations » litigieuses retenues contre lui n’étaient que les révélations des dangers, tant pour la santé des habitants que pour l’environnement, que fait courir le projet d’ouverture d’une grande mine de plomb et de zinc sur les communes de Tala Hamza et Oued Amizour, dans cette région très peuplée de la vallée de la Soummam et de la ville de Béjaïa toute proche.
Professeur de microbiologie, Kamel était bien placé pour informer de tous les problèmes sanitaires que pose ce projet minier contre lequel protestent les habitants de la région. Mais peu importent les dangers, les études d’environnement hâtives, les conditions d’exploitation prévues, le projet minier de la compagnie australienne Terramin, dans le cadre d’une joint-venture australo-algérienne qu’elle pilote entièrement, a eu le feu vert du président algérien Tebboune, qui a lui-même insisté pour que la mise en route de la mine soit la plus rapide possible. Tant d’argent pour la compagnie minière et tant de retombées pour les hautes sphères algériennes sont en jeu !
Depuis qu’après la fin du Hirak le pouvoir algérien a réussi à reprendre progressivement les rênes du pays, police et justice font la chasse systématique aux militants pour tenter d’étouffer toute contestation. Militant du PST, le Parti socialiste des travailleurs, parti trotskiste algérien interdit par le pouvoir depuis janvier 2022, Kamel Aissat fait partie de ces militants qui sont systématiquement la cible des autorités, non seulement pour son soutien aux protestations de la population contre le projet minier, mais pour sa participation à toutes les luttes sociales dans la région, dont au lendemain du Hirak la longue grève des ouvriers de Numilog, l’entreprise de logistique du port de Béjaïa, ouvriers auxquels le patron, l’un des hommes les plus riches du pays interdit jusqu’au simple droit de se syndiquer.
Tout notre soutien à Kamel Aissat et à ses camarades de lutte.
Le comité exécutif du NPA, le 17 juillet 2023