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À vos marges… Prêts ? Profitez !

Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, se prend depuis deux semaines pour le héros de la lutte contre la vie chère. Vous ne rêvez pas, lui, en revanche, délire complètement.

Tomber à pic

Le ministre commence par un mensonge en se gargarisant que le pic de l’inflation serait derrière nous et qu’il y aurait donc reflux, alors même que d’après les derniers chiffres de l’Insee, l’inflation sur un an s’élèverait à 4,8 % en août contre 4,3 % en juillet ! Seuls les prix de l’alimentation ralentiraient, mais avec une inflation annuelle bien supérieure à la moyenne puisqu’elle est encore de 11,1 %. On est bien loin de la fin de la hausse des prix.

Des baisses promises et à la marge

Bruno Le Maire a dégainé le 31 août deux mesures. D’abord, annoncé avec fracas une promo tonitruante, le blocage des prix de 5000 produits. En réalité, c’est l’extension des « paniers anti-inflation » mis en place au printemps, ces sélections de produits à bas prix sur lesquels les distributeurs ne réalisent que peu voire pas de bénéfice. Vu les profits exceptionnels réalisés en 2021 et 2022, ça ne doit pas trop les mettre en difficulté.

Quant à la deuxième mesure, il s’agit de l’engagement de la grande distribution à répercuter les baisses de prix de leurs fournisseurs. Il n’y a pas meilleure manière d’avouer que jusque-là, ils empochaient la différence pour gonfler leurs marges !

Les requins à couteaux tirés

En réalité, tout le problème tient à la concurrence entre, d’un côté les distributeurs, et de l’autre les industriels. Dans ce match, Bruno Le Maire tient le beau rôle d’arbitre, ce qui lui permet de faire, au passage, un peu de démagogie anti-inflation.

Comble de culot du ministre : les très très gros yeux qu’il fait pour la galerie à ses amis producteurs pour leurs pratiques dites de « Shrinkflation » (de l’anglais to shrink = rétrécir), opération frauduleuse qui consiste à en mettre moins dans l’emballage (10 ou 100 grammes de moins, c’est selon) tout en augmentant le prix. Moins pour plus cher ! Ni vu ni connu du consommateur… croient-ils.

L’an dernier, alors que le cours des matières premières flambait, les industriels avaient obtenu des distributeurs une augmentation des prix que ces derniers ont ensuite infligée à leurs clients. Mais au début de cette année, les prix du blé, du tournesol, du pétrole ou encore du fret maritime ont chuté, tirant à la baisse les coûts des producteurs et boostant leurs marges. Pas question alors pour les distributeurs de ne pas prendre leur part du gâteau : ils ont exigé d’ouvrir plus tôt que prévu les négociations commerciales pour capter dans leurs coffres une partie des profits des industriels. Ces négociations, qui finissent habituellement en mars, seront clôturées dès janvier prochain. Certains, comme le patron de Système-U, voudraient même pouvoir renégocier en permanence, pour pomper en temps réel le bénéfice des autres.

Les réjouissances de la concurrence capitaliste ne feront pas baisser les prix. Au contraire, tout l’enjeu pour eux, c’est de partager les fruits de leur hausse. Pour lutter contre la vie chère, il faudra mettre fin à l’inflation des profits, par exemple en augmentant les salaires !

Bastien Thomas