À chaque élection, les postiers – centres de tri, chauffeurs, facteurs, manuts, etc. – doivent prendre en charge autant de plis électoraux et professions de foi par partis qu’il y a d’électeurs, soit presque 49 millions. Et tout cela en plus du reste, lettres, recommandés, paquets, publicité et parfois bien d’autres services.
Une tâche devenue intenable puisque la Poste supprime des milliers d’emplois chaque année, encore 8 000 en 2023. Les tournées de plus en plus longues et des salaires de misère font fuir ceux qui cherchent un travail… Quant à ceux qui seraient quand même tentés par un CDI, la Poste les renvoie vers l’intérim et les sollicite, ou pas.
L’État verse à chaque fois 60 à 80 millions d’euros à la Poste pour qu’elle assure la distribution des élections. Il y a quelques années, la direction « redistribuait » encore partiellement cette somme à ceux qui prenaient en charge le dispatching des plis. Mais maintenant, c’est régime sec. C’est souvent au rapport de force que la stricte application de la loi (paiement des dépassements horaires) est respectée.
Au moment des élections européennes, il y a eu des débrayages, notamment en Loire-Atlantique, dans le Morbihan, à Rennes, dans les Bouches-du-Rhône, etc., pour exiger le paiement du travail supplémentaire. Des primes sont exigées par les organisations syndicales, mais, vu les conditions de travail, beaucoup de collègues veulent aussi des embauches et des aides pour passer tous ces plis ! Se casser à nouveau le dos pendant deux à trois semaines – car il faudra ensuite distribuer le courrier que la Poste aura retenu dans les PIC (Plateformes industrielles courrier) pendant les élections – pour quelques heures sup majorées que la Poste a l’air de vouloir imposer, c’est non !
Il y a déjà eu des assemblées générales dans plusieurs centres, notamment à Paris, pour mettre la pression : soit la direction embauche et elle paye ce travail supplémentaire, soit les postiers pourront décider collectivement de laisser en plan ces tonnes de professions de foi. Ce sont eux qui font tout tourner, à eux de décider, par les débrayages et la grève !
Des préavis de grève illimités ont été déposés à partir du jeudi 20 juin. Un appel à la grève et à rassemblement le 27 juin devant le Siège du groupe a été lancé, pour l’instant dans le 78 et le 92. Si un tel appel se généralise, ce sera l’occasion de poser la question de l’augmentation générale des salaires et de s’opposer aux suppressions d’emplois.
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