
Mardi 2 octobre, le préfet de l’Hérault a tenté un grand numéro d’équilibriste : interdire les manifestations… tout en prétendant défendre la démocratie. Dans un arrêté surréaliste, il expliquait que seules les « organisations syndicales et leurs sympathisants » auraient le droit de défiler, les autres devant être réprimés. Le tout, soi-disant pour lutter contre « les groupuscules d’extrême droite ». Ce sont évidemment les cortèges jeunes, pro-Palestine et Bloquons tout qui étaient visés. La preuve, alors que le tribunal administratif a annulé la mesure le matin, à 10 h 30, les flics n’avaient pas reçu l’information et commençaient à bloquer … des manifestants pro-Palestine !
Les mauvais manifestants donnent de la voix
Malgré l’impressionnant dispositif policier, environ 7 000 personnes ont défilé, avec un cortège dynamique interpro et jeunes, suivi des manifestants pro-Palestine, qui donne le ton. Cortège qui est passé devant celui de Force ouvrière, dont le service d’ordre frustré de se retrouver derrière des jeunes « déter » (des « petit cons » dans leur langage). L’union départementale FO, grognon, a quitté la manifestation, et leur direction a publié un communiqué mensonger : les jeunes auraient crié des slogans antisémites. Criminaliser le soutien à la Palestine et empêcher un cortège jeune de manifester… UD-FO et préfecture, main dans la main ?
Les flics ont encadré toute la manifestation de près, mais sans intervenir. Une manifestation sauvage de plusieurs centaines de personnes a même pu défiler quelque temps sans heurts. Mais, bien sûr, cela s’est terminé par des gazages, des coups et des interpellations.
Blocus brisé, mais pas le bon
À la fac de sciences, les étudiants ont tenu dans l’après-midi une assemblée générale de près de quatre heures sur le campus bloqué, puis ont voté une occupation nocturne du campus – une première. Leur communiqué, paru le 3 au petit matin, lie clairement la lutte contre l’austérité et le génocide en cours à Gaza, exige la rupture des accords entre l’université de Montpellier et les établissements israéliens, appelle à soutenir les flottilles et à rejoindre le mouvement partout sur les lieux d’études et de travail. Le blocus a tenu jusqu’à 9 heures le 3 octobre, heure à laquelle les flics, appelés par la présidence de l’université de Montpellier, ont brisé le blocus. Accueil mitigé des étudiants accumulés devant l’entrée, certains applaudissant les flics, d’autres lançant des Siamo tutti antifascisti.
La veille, dès 5 h 30 du matin, c’était devant l’université Paul-Valéry que sept voitures de police attendaient pour empêcher un blocage voté en AG, visant les étudiants avec des LBD. Paul-Valéry ou Montpellier, pas la même université, mais la même politique !
Le président de l’université de Montpellier s’est justifié en expliquant que bloquer le 2, lors d’une date nationale, ça va, mais le 3 pour la Palestine, c’est une atteinte à la liberté !
Après bons et mauvais manifestants, il y a donc bons et mauvais blocus… Et celui qui affame Gaza, bon ou mauvais blocus ?
Le préfet a donc envoyé ses flics aux quatre coins de la ville, une nouvelle fois. Il a surtout prouvé que ce qu’il redoute, c’est une jeunesse qui s’organise, se lie aux travailleurs et travailleuses, et commence à comprendre sa force.
Correspondant