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Aide sociale à l’enfance : une protection des mineurs plus que défaillante

Maître Michel Amas, un avocat qui défend une trentaine d’enfants, a déposé des recours devant les tribunaux de Marseille, Versailles et Évry contre les présidents des Bouches-du-Rhône, des Yvelines et de l’Essonne en tant que responsables des foyers d’accueil de l’aide sociale à l’enfance (ASE) dans leur département respectif. Il les accuse de ne pas avoir su protéger des enfants placés sous leur responsabilité, conduisant nombre d’entre eux à tomber dans des réseaux de prostitution. L’avocat dénonce au passage un « phénomène national » aux conséquences gravissimes pour les enfants. Et de conclure ; « Nous lançons l’alerte pour que tout le monde sache qu’en France, à l’heure actuelle, des petits garçons et des petites filles se prostituent en très grand nombre, dans l’inaction totale des présidents de département », estimant que l’État « a échoué dans la protection de l’enfance », en livrant « les enfants aux chiens ». L’état lamentable des structures sociales d’aide à l’enfance, souvent sous-financées et en sous-effectif, explique en partie cette situation. Si elle est connue depuis longtemps, puisque 15 000 mineurs – majoritairement des enfants placés – sont victimes de prostitution dans l’Hexagone, le ministère de la Justice n’a réagi que très récemment en imposant un renforcement des contrôles dans les foyers de l’ASE, qui ne sont inspectés que tous les cinq ans par les départements. Preuve que le sort de ces enfants, issus pour la plupart de milieux pauvres, voire très pauvres, intéresse assez peu en haut lieu.