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Airbus : accord en trompe-l’œil sur les salaires

Le 11 avril, dans le groupe Airbus, la direction a imposé un prétendu « accord » au rabais sur les salaires qui ne rattrape même pas l’inflation depuis 2021 et entérine donc une baisse du niveau de vie. Certaines organisations syndicales ont jugé bon, non seulement de signer l’accord, mais d’en faire la publicité auprès des salariés : c’est le cas de FO, de la CGC et de la CFTC au niveau national, ainsi que de deux sections locales de la CGT à Nantes et Saint-Nazaire.

Des augmentations insuffisantes et arbitraires

Cet accord est présenté comme exceptionnel par certains1. Si l’augmentation générale de 100 euros a fait du bien, surtout aux plus bas salaires, cela n’empêche pas que les travailleurs sont perdants sur les trois dernières années : les augmentations générales (AG) sont inférieures à l’inflation officielle. Le compte n’y est pas, comme l’a démontré la CGT Airbus Toulouse dans un communiqué2 :

Pour un salaire de 1740 euros brut (salaire d’entrée à Airbus), voilà les AG depuis 2021 :

– 2023 : 5,7 % (calculée sur l’AG mini de 100 euros pour tous)
– 2022 : 2 %
– 2021 : 1 %

Total : 8,7 % d’augmentation générale, loin des 13,8 % d’inflation estimés par l’Insee sur la même période. Il manque 5,1 % !

Les prétendues « augmentations générales » sont donc en réalité des baisses des salaires réels. Le reste est censé être rattrapé par des « augmentations individuelles (AI) », distribuées de manière arbitraire en fonction des caprices de la petite hiérarchie avec la volonté de diviser. Qu’est-ce que cela rapporterait de jouer le jeu de cette mise en concurrence de tous contre tous ? Rien ! Mais même la plupart des salariés ayant eu toutes les augmentations individuelles ne maintiennent pas leur salaire réel ces trois dernières années. Seuls ceux et celles qui avaient un salaire de 1740 euros brut en 2021 et qui ont reçu toutes les AI ont maintenu leur pouvoir d’achat mais pas plus. Tous les autres ont perdu du salaire réel.

Ajoutons que ces estimations reprennent les chiffres officiels de l’inflation. L’inflation réellement subie est bien plus importante, car les prix des produits de première nécessité, de l’énergie, du transport et des loyers sont ceux qui ont le plus augmenté. Par exemple les biens alimentaires ont augmenté de 15,8 % entre avril 2022 et avril 2023, bien loin de nos salaires… Cet accord présenté comme « exceptionnel » est en réalité un accord au rabais.

Un « deal » contre les intérêts des travailleurs et travailleuses entre les actionnaires et les directions syndicales majoritaires

Cet accord pourtant largement insuffisant est la contrepartie d’un « deal » que la direction d’Airbus a passé avec FO (entre autres), syndicat majoritaire et historiquement très proche du patronat : les 100 euros contre la promesse de ne pas déranger la production pendant la mobilisation sur les retraites. Les responsables de FO ont donc su tricoter tout au long du mouvement (et sous couvert de l’intersyndicale locale), un calendrier aux petits oignons pour la direction. Il y a bien sûr eu les bus affrétés au tout début, mais dès que les choses ont commencé à être sérieuses, leur attitude a changé.3 En bref, pas de quoi faire peur à la direction et surtout, pas de quoi gêner les bénéfices des actionnaires ! 4,2 milliards d’euros en 2022, un résultat, lui, bien « exceptionnel », à la différence de l’accord salarial. La question des salaires, qui est pourtant très discutée par les ouvriers et les ouvrières, n’a jamais été intégrée par les syndicats comme FO en lien avec la mobilisation en cours sur les retraites. L’occasion était pourtant bonne d’aller chercher de réelles augmentations, tout en participant pleinement à la lutte contre les réformes patronales de Macron.

Des tentatives ont existé4 et il n’est jamais trop tard pour lutter. Le rapport de force construit à la base, dans la grève, dans des assemblées générales, peut forcer les actionnaires d’Airbus à revoir leur copie, quelles que soient les positions complices de la direction de FO et des organisations syndicales qui les suivent. Oui, la lutte est à l’ordre du jour pour des hausses de 400 euros par mois pour toutes et tous, pour l’indexation de nos salaires sur l’inflation et pour l’abrogation de cette réforme des retraites inacceptable. Pour faire reculer les patrons, d’Airbus comme les autres, il faudra exprimer notre colère, en enrayant la machine à profit, c’est-à-dire en faisant grève tous et toutes ensemble.

Correspondants

 


 

1 « FO signe la politique salariale 2023 : objectifs atteints ! », FO Airbus Toulouse, 11 avril 2023, https://www.fo-airbus-operations-toulouse.fr/actus/c/0/i/72040192/article-n-1154

2 « Accord salarial : le compte n’y est pas !!! », CGT Airbus Toulouse, 17 avril 2023, https://www.cgt-airbus-toulouse.fr/infos-cgt-airbus-toulouse/c/0/i/72200823/accord-salarial-le-compte-n-y-est-pas

3 https://npa-revolutionnaires.org/fo-airbus-sabote-le-mouvement-pour-les-retraites/

4 https://www.cgt-airbus-toulouse.fr/infos-cgt-airbus-toulouse/c/0/i/72265699/retraites-salaires-reload-meme-combat