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Annecy : la démagogie anti-immigrés comme arme de division massive

Les responsables politiques, des macronistes aux zemmouristes en passant par LR et le RN, n’ont pas hésité à utiliser l’attaque au couteau dans un parc d’Annecy pour alimenter leur démagogie sur l’immigration et crier à une prétendue unité nationale. S’appuyant sur le bilan tragique de six victimes dont quatre enfants en bas âge, Éric Ciotti a asséné des contre-vérités sur le profil qu’il qualifie d’« habituel » – c’est-à-dire islamiste – de l’assaillant. Des groupuscules d’extrême droite ont même tenté des rassemblements pour attiser la haine.

Le profil de l’assaillant – un refugié syrien chrétien, sans domicile à Annecy après avoir vécu régulièrement en Suède pendant dix ans, et dont l’état mental interroge les médecins – n’a pas découragé le flot de déclarations racistes, sécuritaires, contre le droit d’asile.

Car le fonds de commerce de tous ces démagogues est d’essayer de détourner le profond mécontentement social en prétendant que la violence dans la société serait une conséquence de l’immigration.

Un gouvernement dans les pas de l’extrême droite

Du côté de l’État, c’est la carte de l’unité nationale qui est agitée. Aurore Bergé, patronne de Renaissance, a voulu écarter le débat autour de la réforme des retraites qui avait lieu à ce moment-là à l’Assemblée en appelant les députés à faire preuve « d’humanité ». Drôle d’humanité que celle d’un gouvernement qui veut imposer aux travailleurs de crever deux ans de plus au boulot !

Depuis des semaines, Macron tente de tourner la page des retraites en centrant les débats sur l’insécurité et l’immigration, en ressortant notamment la loi Darmanin sur l’immigration mise en veilleuse pendant le mouvement. Il n’a que ce terrain-là à exploiter pour tenter de diviser les classes populaires, celles et ceux qui se sont retrouvés unis dans les sondages et dans la rue contre sa réforme révoltante. L’opération policière menée à Mayotte pour chasser des immigrés des bidonvilles, où croupit une partie de la population mahoraise, participe de toute cette mise en scène nauséabonde.

La course au plus abject

Du côté des Républicains, ce qui impressionne, plus que la violence des propos qui sont identiques à ceux de l’extrême droite, c’est la vitesse de la récupération politique. Olivier Marleix, député LR déclarait, comme un charognard deux heures après le drame : « L’immigration massive incontrôlée tue. Plutôt que de nous lamenter à chaque nouveau crime, mettons enfin un coup d’arrêt à l’immigration de masse. »

L’extrême droite, comme à son habitude, obtient le trophée de la récupération avec en vue les élections européennes de 2024 sur lesquelles lorgnent Le Pen et Bardella. Certains responsables, pressés de faire leur beurre, ont un peu vite crié à l’islamisation de la société… Parlant de « francocides », Zemmour a encouragé l’action de plusieurs groupuscules fascistes qui ont appelé à un rassemblement le soir même et arboré des croix celtiques en scandant « Dehors terroristes, dehors immigrés ! »

Pas de frontières entre les travailleurs

Face à cette déferlante politique et médiatique qui, sous prétexte de « sécurité », vise à dresser une partie des classes populaires contre l’autre, les travailleurs et les travailleuses doivent s’armer d’une conviction : la seule frontière qui existe réellement dans cette société est celle qui oppose les exploiteurs, le grand patronat et les exploités, de quelque origine que nous soyons. La violence est le fruit pourri de l’appauvrissement croissant et de la dégradation de nos conditions de vie au profit d’une poignée de groupes milliardaires. Ce sont eux qui provoquent guerres sanglantes et misère aux quatre coins de la planète, qui poussent la société vers la barbarie.

Il faut exiger l’ouverture des frontières pour nos frères et sœurs de classe, ceux et celles qui meurent par milliers en Méditerranée ou bien croupissent dans des camps de rétention ! Avec tous les démagogues qui prétendent le contraire, à commencer par l’extrême droite, les intérêts des capitalistes sont bien gardés !

Éditorial du NPA du 12 juin 2023

 


 

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