Quelle que soit la façon de compter, le nombre de personnes impliquées dans le refus actif de la contre-réforme des retraites n’a fait qu’augmenter. Car il ne faut pas seulement tenir compte du nombre de participants d’une manifestation à l’autre : cette semaine, il y en a deux, certains sont là aujourd’hui, d’autres préféreront défiler samedi, et beaucoup feront les deux. Et nous avons tous des amis qui sont venus le 19 et pas le 31, ou l’inverse. Mais nous savons faire les additions – le gouvernement aussi, et ça l’inquiète !
La bataille de l’opinion est gagnée
Trois personnes interrogées sur quatre jugent les mesures gouvernementales inacceptables. Et l’on passe à 93 % qui la rejettent quand il s’agit des actifs… Forcément encore plus chez les salariés. Difficile de faire davantage !
Il n’y a plus de bataille de l’opinion, elle est gagnée. Mais nous savons tous que cela ne suffira pas pour faire reculer le gouvernement.
La morgue de Macron et de ses ministres…
Tous les ministres de Macron se succèdent en imitant le ton condescendant de leur maître pour nous expliquer que le projet passera quand même à l’Assemblée, avec le soutien de la droite.
Ah bon ? Juppé aussi, le pensait en 1995. « Droit dans ses bottes », disait-il. Il est parti, peut-être droit dans ses bottes, mais avec une claque magistrale.
Quand Macron ou les patrons ont-ils reculé ?
Le dernier projet sur les retraites, celui de la retraite à points de 2019-2020, a été mis au placard. Il faut dire qu’il a donné lieu à la plus longue grève des cheminots de ce pays.
Peu avant, le mouvement des Gilets jaunes avait fait reculer Macron sur la taxe sur les carburants.
Récemment, celui-ci suppliait Total d’accorder des augmentations de salaire aux raffineurs devant le blocage du pays. Et il y a eu de nombreux autres mouvements de grève victorieux sur les salaires dont les médias ne se sont pas fait l’écho.
La force de ces mouvements est venue de ce que, sans les travailleurs, rien ne se produit. Si nous croisons les bras, la production ne sort pas et adieu les profits patronaux et les dividendes pour les actionnaires. Ils étaient soutenus par une majorité de la population. Même si, et c’était là leur limite, il s’agissait de grèves portées surtout par quelques secteurs d’importance stratégique (transports, carburants…). Or c’est, bien sûr, un mouvement d’ensemble qu’il faut aujourd’hui pour faire reculer Macron et le patronat.
Mais nous pouvons bloquer l’économie sans risquer d’être isolés… si nous nous y mettons tous
Le mouvement en cours peut difficilement s’élargir puisque pratiquement tous les salariés en sont ! Mais il peut s’approfondir.
Nous le savons tous : quelques journées de paralysie de l’économie feraient vraiment basculer le rapport de force en notre faveur.
Alors, puisque nous connaissons la solution, c’est vers cela qu’il faut aller.
Ce n’est pas facile ? On perd de l’argent ? Moins qu’on en perdrait sur le montant des retraites de demain, et en temps libre pour vivre, si on laisse passer le projet. Et dans une grève tenace on sait faire appel à la solidarité de tous pour tenir (caisse de grève, organisation collective…) On « prend la population en otage » ? C’est le gouvernement qui dit ça, mais le mouvement d’aujourd’hui a au contraire la sympathie de tous. Nous sommes l’immense majorité de la population, notre avenir est ce que nous en ferons collectivement par notre détermination à ne plus reculer face aux coups portés.
Mais qui se rappellera dans quelques mois les difficultés rencontrées par les uns ou les autres du fait des grèves ? Par contre, si la réforme passe, nous serons bien obligés de nous en souvenir, et pour longtemps !
Nous organiser pour construire un puissant mouvement de grève : vers la grève générale
Pour l’instant en tout cas, le « front syndical » a l’air de tenir contre le gouvernement. Tant mieux. Mais il est arrivé dans d’autres mouvements que tel ou tel syndicat lâche : il est évident que le gouvernement l’espère et fera tout pour l’obtenir – des mini-concessions sont sans doute déjà prévues pour obtenir le ralliement de tel ou tel. Mais il arrive aussi que les confédérations syndicales qui jusque-là donnent le rythme des mobilisations, craignent d’être dépassées par les initiatives de la base et s’opposent aux structurations démocratiques du mouvement. Et nous savons aussi que si les manifestations qui se succèdent et s’amplifient renforcent la détermination de tous, une simple succession de journées de grève sans lendemain coûte cher à nos portefeuilles sans coincer le gouvernement. Et que ce que Macron et le Medef craignent avant tout, la force qui serait pour eux irrésistible, c’est une vraie grève qui paralyse les activités, bloque leur boite à profits. Puisque nous produisons tout, faisons tout fonctionner.
Notre mouvement est puissant, il se cherche et il ne manque pas grand-chose pour qu’il se trouve, établisse des liens entre les différents secteurs, localités et régions, en un mot cette « convergence » que craignent tant les patrons et le gouvernement.
Nous avons besoin de débattre entre nous
Nous avons besoin d’échanger, entre nous, syndiqués ou non syndiqués. Au sein de notre entreprise comme entre salariés d’entreprises différentes. Pour dresser la liste de tous nos problèmes – et elle risque d’être longue ! Pour établir de véritables liens entre nous.
C’est par tous les bouts que ce gouvernement s’efforce de prendre dans la poche des plus pauvres pour arroser les plus riches. Il multiplie les attaques contre nous :
• L’inflation ronge un pouvoir d’achat déjà bien faible.
• La dégradation continue des conditions de travail avec, partout, le manque d’effectifs qui rend les journées harassantes.
• La réforme de l’assurance-chômage, entrée en vigueur le 1er février, qui diminue la durée des prestations de chômage et enfonce un peu plus dans la précarité ceux qui ont perdu leur emploi.
• Et, maintenant, cette attaque contre les retraites qui transformerait les anciens en pauvres, comme c’était le cas jusqu’au milieu du siècle dernier.
Toutes les initiatives qui sont prises ici ou là pour permettre ces discussions sont les bienvenues. Qu’il s’agisse d’assemblées générales de secteurs ou interprofessionnelles les jours de manifestation.
Dans de nombreux départements ou agglomérations des comités se sont constitués, avec des travailleurs de branches différentes, des militants syndicaux, des non-syndiqués. C’est la voie à suivre !
Tous ensemble, nous pouvons gagner et nous allons gagner !
Face à l’offensive du gouvernement et du patronat, un autre monde, plus juste, est possible et il ne tient qu’à nous de l’imposer.
Rejoignez-nous !
Texte d’un tract distribué dans les manifestations du 7 février 2023
[Télécharger en PDF – distribué à Paris]