Un avenir radieux, de Pierre Lemaître
Calmann-Lévy, 2025, 580 p., 23,90 €
Après sa trilogie des années vingt et trente (prix Goncourt en 2013 pour Au revoir là-haut), Pierre Lemaître a lancé en 2020 une tétralogie sur lesdites « Trente Glorieuses », dont le premier volume commence en 1948 en pleine guerre d’Indochine (dont le titre, Le Grand Monde, est le nom d’un café français à Saïgon). S’en est suivi Le Silence et la Colère, où les péripéties des différents personnages de la famille Pelletier se déroulent en 1952. Ces deux premiers volumes sont publiés en poche.
Cette fois, avec Un avenir radieux, nous sommes entre avril et mai 1959. Une fresque de la France de l’époque, selon les parcours éclatés de la famille Pelletier. « Avenir radieux » ? Titre impertinent évoquant les premières centrales nucléaires et ses premiers accidents (en Tchécoslovaquie comme en Angleterre à quelques jours près) tout comme « la peur de l’apocalypse nucléaire » en pleine guerre froide, avec les multiples manigances des services secrets des deux camps. D’où quelques chapitres savoureux dignes de John le Carré où un jeune journaliste se fait manipuler et où les traitresses du contre-espionnage français sont particulièrement sympathiques. Comme dans ses autres romans, la plume virtuose de l’auteur allie l’art du feuilleton et du fait divers à l’enquête sociologique (par exemple, comment la grande distribution a mis au point le système si rentable des « franchises » et franchisés…) avec moult retournements de situation. Ne pas manquer également les cinq dernières pages de références, particulièrement instructives.
Huguette Chevireau