
Quarante milliards d’euros. La semaine dernière, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a chiffré les « efforts supplémentaires » à réaliser dans le budget 2026. Ces 40 milliards, le gouvernement s’apprête à les retirer aux services publics, aux hôpitaux, aux écoles, aux collectivités. Et tout simplement les voler à ceux qui financent et utilisent ces services : les travailleurs et les classes populaires.
L’art de faire des économies dans les poches des autres
Bayrou, pourtant plus impopulaire que jamais, a enfoncé le clou par une conférence le lendemain. Il l’a voulue « pédagogique ». Et le voilà qui nous sermonne à grands coups de graphiques colorés et de PIB par habitant, en parlant lentement pour qu’on comprenne : « Nous ne travaillons pas assez. » Nous ? Qui ça ? C’est sûr qu’en termes de pédagogie, le Premier ministre n’a pas beaucoup travaillé : la rengaine est carrément réchauffée. Les exploiteurs répètent sur tous les tons que les travailleurs doivent suer toujours plus de profit.
Une internationale de brigands, grands et très grands
Il a qualifié l’attitude de Trump avec l’Ukraine et les annonces des nouveaux droits de douane de « tsunami », de « cyclone », de « coup de théâtre »… Quel cinéma, oui ! Car les politiques menées ne sont pas si différentes. À voir Bayrou se languir de l’état des finances du pays il y a trente ans, ou parler du général de Gaulle la larme à l’œil, on pouvait le croire à deux doigts de scander « Make France Great Again ».
Macron propose d’accueillir les chercheurs américains attaqués violemment par Trump mais Bayrou a taillé lui aussi dans le budget 2025 de l’enseignement supérieur 1,5 milliard d’euros (une baisse d’environ 6 %) il y a deux mois. Cela n’a pas empêché le même Bayrou de se plaindre dans son discours de la gestion du budget de ses prédécesseurs : « Nous aurions dû investir dans la recherche. »
Et quand il qualifie Trump ou Poutine d’agresseurs, c’est pour mieux justifier l’augmentation des dépenses militaires : voilà un secteur où l’État ne compte pas faire d’économies. Pour défendre son profit et ses marchés contre le requin d’à côté, il faut du matériel. Et tous ces dirigeants, tous les grands de ce monde, entendent mettre au pas la classe ouvrière, à l’usine ou pour le front.
Travailleurs de tous les pays : unissons-nous !
Une seule étincelle cocasse dans cette soupe rodée pour les marchés : Bayrou a cité Lénine et Trotski ! « Seule la vérité est révolutionnaire. » Est-ce que les livres des militants communistes sont arrivés sur sa table parce que le spectre d’une révolution lui donne quelques sueurs froides ? Car à trop tirer sur la corde, on ne sait jamais quand elle craque. Ça, tous les politiciens de la bourgeoisie le savent.
Elle a craqué par exemple en Turquie où des centaines de milliers de manifestants remettent en cause le régime du dictateur Erdoğan après un énième abus de pouvoir. Une révolte qui pourrait bien se développer et impacter toute la région moyen-orientale, que les capitalistes ont transformée en un nœud sanglant, mais aussi l’Europe, pour laquelle la Turquie fait le garde-frontière mercenaire. Une possibilité loin d’être isolée, alors que les mouvements de révolte se multiplient ces dernières années aux quatre coins de la planète.
C’est une possibilité et c’est une nécessité. C’est en refusant leurs budgets, leur agenda, leur monde, c’est en prenant nos affaires en main, que nous pourrons opposer à leur internationale de brigands notre solidarité internationale de travailleurs. C’est le sens historique de la journée de grève et de manifestation du 1er mai, que le mouvement ouvrier a institué il y a presque 150 ans, notamment pour exiger la réduction du temps de travail. Soyons nombreuses et nombreux dans la rue ce jour. Lénine et Trotski apprécieront. Bayrou pas sûr.
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 21 avril 2025