On ne peut pas dire que le Premier ministre fasse preuve de beaucoup d’imagination. Sans doute pour faire oublier son implication dans le scandale de Bétharram, il vient de se lancer dans un grand combat contre la « bureaucratisation » et « la paperasse ». Ce qu’ont aussi proclamé tous ses prédécesseurs, de droite et de gauche, sans résultats. Dans une interview donnée aux très droitiers CNews et Europe 1, Bayrou assure que « la trop grande complexité des normes » fait perdre à la France 4 % de sa richesse produite chaque année. Et il promet ensuite de « mettre les usagers en situation de décideurs ». Sans plus d’explication. Cela signifie-t-il, par exemple, que les usagers de l’Éducation nationale (parents d’élèves, professeurs et agents…) auront leur mot à dire quant au manque d’enseignants, de locaux, ou de classes surchargées ? Verra-t-on les assurés sociaux être consultés sur l’état des infrastructures hospitalières ou l’âge et le montant des retraites ? Faut pas rêver ! Bayrou envisage simplement de demander à ses ministres de lister leurs missions et leurs tâches et de détailler « ce qu’ils produisent, à quoi sert leur administration et quel service elle rend aux Français ». Ce qui donnera lieu, soyons en sûrs, à de nombreux rapports qui resteront dans les tiroirs. La bureaucratie va trembler.