Nos vies valent plus que leurs profits

CHS Novillars (Doubs) : une colère salutaire

La Maison d’accueil spécialisée (MAS) est un établissement qui fait partie du centre hospitalier spécialisé de Novillars et qui est situé dans ses murs. Elle accueille 42 résidents qui sont en réalité d’anciens patients souffrant de pathologies psychiatriques graves et dont l’hôpital s’occupait auparavant. Cependant, elle relève du secteur médico-social et non du secteur sanitaire (prise en charge hospitalière). Le prorata soignants/patients y est beaucoup moins exigeant que dans les services hospitaliers proprement dits et c’est une des raisons pour lesquelles l’Agence régionale de santé (ARS) multiplie ce genre de structures. Depuis son ouverture, la MAS connait des problèmes financiers dus à une sous-dotation. Cette année, l’ARS a demandé la suppression de deux postes infirmiers, soit une économie de 120 000 euros pour un « retour à l’équilibre ». Cette décision va impacter considérablement les conditions de travail et la prise en charge des résidents. Il n’y aura plus qu’une infirmière le matin, une de soir et une de journée pour 42 résidents. Sachant qu’il n’y en a pas la nuit et que l’infirmier du pavillon d’à côté se retrouve seul pour une soixantaine de patients. Les aides-soignants et les aides médico-psychologiques (AMP) vont devoir gérer les traitements et les ASH les repas… en plus de leurs tâches habituelles. Quant aux résidents, les activités dont ils bénéficiaient vont peu à peu disparaitre.

C’est cette situation qui a provoqué la colère des équipes qui, avec l’aide des syndicats, ont appelé à une assemblée générale il y a 15 jours. Nous nous sommes donc retrouvés à une cinquantaine. Chacun a pu exprimer sa colère, parler de ses conditions de travail dégradées et des conséquences que vont engendrer ces deux nouvelles suppressions de poste. Le cadre supérieur, pris à partie, s’est défaussé sur la direction… Nos collègues de la MAS ont rédigé une lettre ouverte à tous les agents de l’hôpital pour exprimer leur colère et appelé à se retrouver le 19 mars lors d’une rencontre avec la direction. À cette réunion se sont jointes les familles des résidents très inquiets par la situation. La direction a dû rendre des comptes devant une assemblée passablement en colère et… s’est défaussée sur l’ARS.

Mais les équipes n’en ont pas fini, car un rendez-vous a été pris pour envahir les instances du centre hospitalier mardi prochain. Cette ténacité a fait des émules puisque les équipes de deux foyers de l’hôpital ont décidé elles aussi de faire un courrier contre des astreintes de nuit imposées sans concertation et ont décidé de se joindre à ce cortège lors du CSE. Pour l’instant, la direction n’a pas encore reculé, mais nous sommes tous et toutes bien décidés à continuer et d’ores et déjà réconfortés d’avoir exprimé notre colère.

Correspondante