Nos vies valent plus que leurs profits

Cinquantième anniversaire de la loi légalisant l’avortement

Le 29 novembre 1974, l’Assemblée nationale adoptait la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), loi portée par la ministre de la Santé, Simone Veil, promulguée le 17 janvier 1975 pour cinq ans puis définitivement adoptée en décembre 1979. À cette occasion, l’Institut national d’études démographiques (Ined) a publié un bilan des évolutions du recours à l’IVG. L’an dernier, 243 623 IVG ont été enregistrées, soit 8 600 de plus qu’en 2022. Et si, au fil des années, le recours à l’IVG s’est assoupli, son accès reste inégal selon les régions et les situations. Désormais, quatre avortements sur cinq sont provoqués par un traitement médicamenteux, mais dans certains départements, comme le Maine-et-Loire et la Loire-Atlantique, la méthode chirurgicale concerne encore plus de 40 % des IVG. La généralisation de la méthode médicamenteuse a aussi mis en lumière le risque lié au monopole d’un seul laboratoire pharmaceutique privé (Nordic Pharma) pour fournir les pilules abortives. Quant à l’inscription en 2024 dans la Constitution de la « liberté garantie à la femme » de recourir à l’IVG, elle « revêt assurément une forte portée symbolique » mais « le flou de la notion et la responsabilité laissée au législateur » d’en établir les conditions « ne permettent de garantir ni le contenu de la loi et ni son effectivité sur le terrain », prévient l’Ined. En effet, ce un bilan en demi-teinte appelle à ne pas relâcher la vigilance.