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Clestra (Bas-Rhin) : en lutte contre les suppressions d’emplois

Cela fait maintenant trois mois que l’écrasante majorité des ouvriers de l’usine Clestra à Illkirch-Graffenstaden, dans la banlieue de Strasbourg, sont en grève. En effet le groupe Jestia, qui a repris il y a huit mois l’entreprise, mène une politique agressive à l’encontre des salariés de la boîte. C’est le licenciement d’un de leur collègue qui a mis le feu aux poudres.

Une politique de vautour

Des raisons de faire grève, ils n’en manquent pas. En effet depuis la reprise de l’usine par le groupe Jestia le 19 octobre 2022, les attaques contre les employés pleuvent. En premier lieu, le licenciement de 87 salariés, soit la totalité des vendeurs et commerciaux. Ce qui a entrainé la perte des carnets de contacts qui permettaient à l’entreprise de passer des contrats avec de nouveaux clients. Puis ce fut au tour des monteurs de cloisons sur les chantiers de se faire licencier, les patrons ont préféré faire appel à la sous-traitance. Leur objectif ? Se débarrasser du moindre coût et liquider tout ce qui peut être vendable, même jusqu’aux machines, dont le tiers a été bazardé comme ferraille. Mais ça n’a été que le début : l’entreprise s’est aussi attaquée aux revenus des travailleurs, en supprimant les diverses primes (prime d’intéressement, prime de salissure, prime de présence, prime d’ancienneté, etc.) qui leur permettaient de se maintenir au-dessus du smic. Le but est clair, détruire l’usine, et dégager ses salariés, coûte que coûte.

C’est en suivant cette logique qu’il a été décidé de scinder l’entreprise en trois. En effet, les équipes étant combatives et solidaires, il est bien plus aisé pour le patron de faire pression sur chacun d’eux, en les divisant.

Le nouveau patron est donc en guerre ouverte, et il n’hésite pas à employer les techniques les plus discutables. Par exemple, le licenciement qui a déclenché la lutte a été justifié par le fait qu’un employé, que la direction avait mis au placard sur un poste avec très peu d’activité, avait sorti son téléphone durant sa journée de travail. Un mail lui avait donc été envoyé le dimanche soir et il a été accueilli le matin devant la grille par le directeur pour lui rendre son badge et l’informer de son licenciement.

Mais la riposte s’organise

Face aux attaques patronales, les ouvriers de Clestra se sont organisés et plus de 90 % de l’effectif s’est mis en grève à partir du 5 juillet 2023. La réponse de l’entreprise a été de faire la sourde oreille, et celle de l’État a été : d’un côté la carotte, avec quelques tables rondes mollassonnes, et de l’autre l’envoi des renseignements territoriaux pour ficher les grévistes. Des élans de solidarité se sont d’ailleurs produits, une soirée de soutien a eu lieu pour récolter des fonds et les grévistes ont eu la visite de travailleurs d’autres secteurs comme Punch, General Motors, du personnel soignant, des inspecteurs du travail, etc. Il est d’ailleurs possible de les soutenir via leur caisse de grève en ligne

Mardi 3 octobre, Le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire de la société et les 125 salariés sont concernés par un futur plan de licenciement. Cependant, l’ambiance sur le piquet de grève reste toujours combative : « On veut partir la tête haute. » La lutte ne s’arrête pas là et les ouvriers comptent bien continuer la bagarre pour partir le plus dignement possible avec la date du 13 octobre en tête.

Ketty Altzer et Adrien Hillere