Lundi 10 juin dernier, des dizaines de lycéens et lycéennes bloquaient l’entrée du lycée Henri-IV à Paris. Le lendemain, ils étaient suivis par leurs camarades de Larmartine, Victor-Hugo, Voltaire et Fénelon, où une banderole « Contre l’extrême droite et ceux qui leur pavent la voie » est accrochée à l’entrée du lycée. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, les jeunes se mobilisent par crainte de voir l’extrême droite arriver au pouvoir à l’issue des législatives anticipées.
« La jeunesse emmerde (toujours) le Front National »
Contrairement à celles et ceux, chez les politiciens ou les journalistes, qui construisent le mythe d’un Rassemblement National « premier parti des jeunes », les manifestations massives de jeunesse ont vu fleurir une multitude de pancartes et slogans contre cette organisation raciste. Les millions de vues de Bardella sur Tiktok ou le passé de « gamer » de Jordan9320 ne font pas oublier la nature de l’extrême droite. Quand celle-ci se retrouve face à la jeunesse, c’est seulement pour la réprimer et lui faire baisser la tête, comme lors de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites où les nervis fachos s’attaquaient violemment aux cortèges étudiants.
C’est donc naturellement que des dizaines de milliers de jeunes, étudiants ou lycéens ont spontanément pris la rue à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée par Macron. Ces manifestations ont été l’occasion de se retrouver, prendre la parole sur le danger d’une prise de pouvoir de l’extrême droite et d’échanger sur les moyens de la faire reculer. Ainsi, les manifestations ont rapidement accouché d’assemblées générales pour s’organiser, comme à Rouen ou Angers, où 250 jeunes se sont retrouvés devant la Bourse du Travail, trop petite pour accueillir tous les participants.
Quand les urnes souhaitent diriger la rue…
Parallèlement à cette volonté de se mobiliser, les militants des organisations de jeunesse syndicales et politiques de gauche (Unef, Union étudiante, Jeunes communistes, Jeunes insoumis, Jeunes écolos, etc.) s’efforcent d’encadrer ces embryons de mobilisations dans le giron de l’union de la gauche. Ainsi, ceux-ci ont dirigé les manifestations de jeunesse du 13 juin vers le siège d’EELV où étaient réunis les chefs de partis de gauche pour faire pression sur les négociations en vue de la constitution d’une coalition électorale. Que dire de la confiance accordée aux dirigeants de ce « Nouveau Front populaire » quand les jeunes manifestants scandaient à leur attention « ne nous trahissez pas » ?
Nous ne pouvons compter que sur nos luttes
Contrairement à ce qu’on a pu lire sur certaines pancartes en manifestation, le fait de « Voter Front populaire, on s’engueulera après » ne permettra pas de faire reculer l’extrême droite. De même, nos manifestations, nos assemblées générales ne doivent pas se réduire à soutenir voire « contrôler » le Front populaire, comme l’avancent certaines organisations de gauche radicale avec leurs banderoles « Sans la rue, pas de Front populaire ». Seule une mobilisation massive de la jeunesse, entraînant les travailleurs derrières leurs intérêts peut faire reculer l’extrême droite, alors mobilisons-nous, avant comme après les élections !
Stefan Ino