Le gouvernement avec sa « transition écologique » nous présente le bois comme une source d’énergie renouvelable. Or l’État, en subventionnant massivement l’installation de poêles à granulés, a fait exploser la demande de pellets. Fabriqués à l’origine à partir des déchets des scieries, ils sont désormais produits essentiellement par des usines qui broient du bois rond (issu d’arbres entiers) qui pourraient être destinés à la menuiserie.
Et ces infrastructures industrielles ont de fortes conséquences sur la gestion et l’exploitation des massifs forestiers.
En Limousin, associations, habitants, forestiers et élus dénoncent la généralisation de la sylviculture industrielle de la forêt, l’équivalent de l’agro-industrie, mais pour le bois. Cette technique de culture entraine de nombreuses coupes rases de résineux et de bois de feuillus et des plantations en monoculture qui entraînent la destruction de la biodiversité, la déstructuration et l’appauvrissement des sols, la perturbation du cycle de l’eau (pollution de sources à l’aluminium)…
Samedi 5 octobre, à Guéret en Creuse, nous étions près de 2 500 dans une manifestation familiale et festive qui dénonçait deux grands projets industriels qui vont ravager le massif forestier local : l’implantation de l’usine de granulés bois Biosyl près de Guéret et l’extension de la méga-scierie Farges Bois en Corrèze à Égletons.
Le matin, nous avons découvert le lieu d’implantation de l’usine Biosyl : sur une zone humide qui abrite de nombreuses espèces protégées, et à proximité d’un site Seveso (installations industrielles dangereuses) : pourtant la préfecture de la Creuse a choisi de simplifier les études d’impact !
Biosyl va exploiter une ressource déjà fragile en produisant 85 000 tonnes de pellets, à 80 % issus de bois de feuillus, sachant que le cycle de la forêt est de 100 à 200 ans. L’association Canopée explique : « Chaque année, la forêt sur pied creusoise grandit d’un million de mètres cubes. Aujourd’hui, l’industrie prélève déjà 1,2 million de mètres cubes. Donc on est déjà en déficit… Mais au lieu de ça, on rajoute des usines comme Biosyl qui vont venir chercher 160 000 mètres cubes de feuillus par année. » Une fuite en avant mortifère pour la course aux profits de Biosyl, de Farges Bois et de grandes coopératives forestières comme Unisylva, avec la complicité de l’État.
Mais la lutte peut payer : elle a déjà arrêté des coupes de feuillus (2023), l’installation de l’usine à pellets de Bugeat-19 (2018), ou d’autres méga-usines à bois dans les Pyrénées (2020) et dans le Morvan (2014). Nous allons continuer à lutter contre ces projets capitalistes, contre l’accaparement des forêts, pour pouvoir vivre dans un monde habitable !
Élise Moutier