
Après plusieurs semaines d’offensive de la part du Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda dans les régions du Nord et du Sud-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), l’Angola – pays médiateur pour l’Union africaine dans ce conflit – a annoncé l’ouverture de négociations de paix entre la RDC et le M23 à partir du mardi 18 mars, alors que le président congolais Félix Tshisekedi refusait jusqu’alors toute discussion avec le M23.
Dans le même temps, un autre accord semble se discuter : celui d’un partenariat entre les États-Unis et la RDC qui avait « proposé aux États-Unis et à l’Europe d’investir massivement dans [l’exploitation minière], espérant que cela renforcer[ait] la sécurité et la stabilité du pays ».
La déstabilisation dans l’est du pays et le lâchage par la plupart des partenaires de la RDC (retrait des troupes sud-africaines, malawites et tanzaniennes de la mission de la Communauté de développement d’Afrique australe ; annonce de l’intention de l’Ouganda de signer un pacte de défense avec le Rwanda) est une aubaine pour les impérialistes occidentaux : l’occasion de monnayer leur soutien en échange de l’accès aux ressources du sous-sol congolais.
Celui-ci est riche : or, pétrole, uranium, mais, surtout, de nombreux métaux comme le cuivre, le cobalt ou encore le tantale, stratégiques car essentiels pour les industries de l’automobile, de l’aéronautique ou encore de l’armement. Si certaines de ces ressources se trouvent bien dans les zones contrôlées par le M23, comme autour de la ville de Rubaya, l’essentiel des gisements reste sous contrôle congolais et est à ce jour principalement exploité par des entreprises chinoises. Un tel accord, qui n’est pas sans rappeler le chantage des États-Unis à l’Ukraine, serait l’occasion pour les impérialistes occidentaux de réinvestir ce secteur largement dominé par la Chine, en RDC mais aussi au niveau international.
D’après le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, les échanges entre la RDC et les États-Unis sont quotidiens. Il a même ajouté : « La RDC a des réserves disponibles et il serait bien que des capitaux américains investissent ici. » Le contrôle et la sécurité de l’approvisionnement de ces métaux est une course qui se joue aussi entre impérialistes occidentaux et, à ce jour, sans surprise, les États-Unis semblent être favoris.
Un nouvel exemple qu’en RDC comme en Ukraine, les négociations pour la paix se gèrent comme des accords commerciaux, jamais dans l’intérêt des populations.
Adrian Lansalot