Les habitants des quartiers pauvres sont les premiers à subir les trafics et les dégâts collatéraux inhérents à ce commerce illégal. Ils et elles vivent au quotidien la surprésence de la police et son harcèlement. La peur de l’avenir se conjugue ici avec celle de voir ses enfants basculer du côté de la tentation de l’argent illégal.
Prenant appui sur la généralisation de la pauvreté et l’exclusion de nombreux jeunes des études puis du monde du travail, l’organisation de ces réseaux et de ces points de deal répond aux logiques capitalistes, tout en s’exonérant des droits acquis par le mouvement ouvrier. Les « petites mains » du deal sont facilement interchangeables. Sans droit aux congés ni aux arrêts maladie, avec souvent plus de douze heures de travail par jour, pour des salaires proches ou inférieurs au Smic horaire, elles subissent la pression de leurs patrons qui n’hésitent pas à les endetter et à les faire travailler gratuitement pour rembourser les erreurs de comptes ou les saisies policières. Quand il n’est pas content, c’est la violence et l’humiliation qui viennent asseoir le pouvoir du patron. L’environnement de travail ne respecte bien évidemment aucune condition d’hygiène et de sécurité et les risques d’accident sont nombreux.
Ce qu’on appelle communément « règlements de compte » n’est que l’expression de la concurrence violente entre différents groupes pour des marchés, pour le maintien du taux de profit ou l’extension économique. La violence physique, y compris par armes, vient y remplacer les OPA, les rachats ou les fusions-acquisitions. La mort ou la prison, c’est l’issue en cul-de-sac pour les jeunes prolétaires qui rêvent de s’extraire de leur position sociale en pariant sur ce versant illégal de l’exploitation capitaliste.
André K
Sommaire du dossier
- Sous couvert de lutte contre la drogue, le flicage permanent
- Exploitation facile et concurrence féroce : le trafic de drogue, un concentré de capitalisme
- Le blanchiment, c’est simple
- La bourgeoisie en quête de deal(s) juteux, hier et aujourd’hui
- La lutte du mouvement ouvrier contre l’alcoolisme
- Pour un monde sans drogues, quelles solutions ?