
Les facteurs et factrices de Paris 17 ont bossé pendant dix-huit mois au rez-de-chaussée d’un site rue des Renaudes, où les étages avaient été vendus, et des travaux de grande ampleur engagés. Résultat : les collègues ont bossé dans un immeuble en chantier au toit retiré. Un bruit insupportable, des poussières parfois si épaisses qu’elles déclenchaient l’alarme incendie, et quand il pleuvait, il pleuvait aussi sur les casiers de tri ! Un départ de feu a failli ravager tout le bâtiment. Les salariés rattachés à la mairie de Paris présents sur site se sont mis en grève et ont révélé la présence d’amiante dans leurs locaux. Des mesures ont été prises : l’air contenait trois fois plus de fibres d’amiante que le maximum autorisé. Les collègues de Paris 17 avaient donc été, sans le savoir, exposés, à l’amiante pendant 18 mois…
La direction, au début de l’été, a donc éclaté le site en six sur tout Paris. Après de multiples déménagements, on est passés d’un site à six puis à cinq, avec réorganisations et suppressions d’emplois, sans aucune information auprès du CSE ou des syndicats.
La colère s’est réellement exprimée à la rentrée, contre l’exposition à l’amiante, les réorganisations sauvages, les conditions de travail calamiteuses provoquées par l’éclatement : un ras-le-bol sur tout ce qui a été subi depuis les travaux. Le syndicat SUD a décidé d’appeler à la grève sur tous les sites concernés par la délocalisation en reprenant les revendications des collègues : reconnaissance de l’exposition à l’amiante, opposition aux réorganisations et demande de compensations financières, tout en défendant la perspective d’un regroupement des collègues sur le même site, celui des Renaudes après désamiantage ou un autre en attendant.
La grève et le rassemblement le 15 octobre devant la direction de La Poste ont été un succès : la plus grosse grève sur le centre depuis 2009, sans doute pas loin d’être majoritaire. Après les prises de parole des représentants syndicaux, une AG des grévistes a eu lieu, qui a permis d’établir une liste de revendications. Il a été décidé de former un comité de mobilisation, avec tract rédigé par un groupe de collègues et une réunion à la bourse du travail le 29 octobre au soir. L’idée : que les postières et postiers s’organisent par eux-mêmes pour faire payer la boîte le plus cher possible et surtout de la faire reculer dès maintenant.
Et pour cause, la majorité des élus CSE a repoussé tout idée d’une quelconque démarche en justice ou même d’une expertise indépendante de La Poste sur l’amiante. Quant aux suppressions d’emplois, les syndicats maison n’ont pas voulu en entendre parler. La grève du 15 octobre a montré que les postiers de Paris 17 pouvaient constituer une force, elle ouvre de nouvelles possibilités, car elle peut donner des idées à bien d’autres postiers.
28 octobre 2025, correspondants