Il y a 200 ans, le 17 avril 1825, le roi Charles X signait une ordonnance reconnaissant l’indépendance d’Haïti. Cette reconnaissance intervenait 21 ans après une révolution qui avait vu les Haïtiens abolir l’esclavage et chasser la puissance coloniale française. En contrepartie de cette reconnaissance, et sous la menace d’un blocus et d’une intervention militaire, Haïti s’engageait à payer une indemnité de 150 millions de francs de l’époque, destinée à « dédommager » les anciens propriétaires esclavagistes. Cette somme, colossale, représentait alors plus de dix ans de la totalité des recettes fiscales du nouvel État. Pour pouvoir la payer, le pays dut emprunter auprès de banques françaises à des taux d’intérêt usuriers. Au final, cette « dette de l’indépendance » ne sera soldée qu’en 1878, et l’emprunt extérieur finira d’être remboursé en 1922, presque un siècle plus tard. Selon de nombreux spécialistes, ces paiements ont enrayé durablement le développement du jeune État caraïbéen. En 2021, des universitaires estimaient que si Haïti n’avait pas eu à payer cette somme pharaonique et avait réinvesti cet argent dans son économie, le niveau de vie de ses habitants serait aujourd’hui six fois plus élevé, alors que le pays se place, en termes de pauvreté, au 146e rang mondial sur 230 pays. Mais deux siècles plus tard la France refuse toujours toute réparation.