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Hautmont (Nord) : face au premier féminicide de l’année, le parquet dérape

Elle s’appelait Isabelle Mortaigne et avait 51 ans. Son corps a été retrouvé à son domicile couvert d’ecchymoses. Son conjoint, qui avait appelé les secours en expliquant « avoir fait une bêtise », a été placé en garde à vue. Dans un communiqué transmis à la presse, le parquet de Valenciennes a cru bon d’indiquer que le coupable présumé « soupçonnait sa femme d’adultère ». Une sorte d’excuse. Ce qui a fait réagir, à juste raison, sur France Inter, Aurore Bergé, la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Même si cette ministre avait menacé, en mars 2024, de supprimer les subventions aux associations féministes dont les positions politiques ne lui convenaient pas, elle a dit pour une fois des choses justes sur ce féminicide : « On n’interroge jamais le passé de la victime. Peu importe ce qu’elle ait fait ou ce qu’elle n’ait pas fait, ce qui compte c’est qu’elle a été assassinée, ce qui compte c’est de comprendre comment ça a été rendu possible dans notre société… Donc, peu importe son passé, peu importe son présent, ce qui compte, c’est l’auteur. » Une vérité que nombre de magistrats n’ont pas encore intégrée lorsque la victime est une femme. En 2024, au minimum 91 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, soit une tous les quatre jours.