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Irlande du Nord : un ex-soldat britannique jugé 56 ans après ses crimes

Un ancien soldat britannique comparait anonymement devant un tribunal de Belfast accusé de deux meurtres et cinq tentatives de meurtre lors du « Bloody Sunday » (Dimanche sanglant), épisode du conflit nord-irlandais qui s’était déroulé le 30 janvier 1972 à Derry. Ce jour-là des parachutistes britanniques avaient ouvert le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant treize morts. Il a fallu attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l’innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc. Depuis la fin du conflit nord-irlandais en 1998, seul un ancien soldat britannique a été condamné début 2023 à une peine de trois ans avec sursis pour avoir tué un homme à un check-point en 1988. La même année, le gouvernement conservateur faisait voter une loi baptisée « Héritage et réconciliation » qui a mis fin à la plupart des poursuites pénales pour les crimes commis pendant cette période, notamment par les militaires britanniques. Le procès actuel est donc exceptionnel. Quant aux combattants de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), qui combattait les Britanniques, ils furent souvent tués, arrêtés voire torturés et certains, comme Bobby Sands, moururent en prison. Et Londres ne leur a jamais rendu justice. Mais, sauf surprise, l’ex-soldat ne risque pas grand-chose.