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Kanaky : Les forces de répression sont à l’œuvre, mais la révolte demeure

Depuis le début de la révolte des Kanak contre le projet de refonte du système électoral qui les rendrait encore plus minoritaires sur leurs propres terres, la répression bat son plein. D’après le bilan du représentant de l’État français, 725 personnes ont été interpellées, Kanak dans leur quasi-totalité. Depuis, l’appareil judiciaire fonctionne à plein régime, les audiences de comparutions immédiates étant devenues quotidiennes. Et les condamnations tombent, lourdes : prison ferme pour un jet de pierre, pour une canette prise dans un supermarché… la liste est longue des mesures arbitraires.

L’État colonial ne peut pas être « neutre » !

Comme au lendemain de la révolte des jeunes dans l’Hexagone, après la mort de Nahel tué par un flic, la répression s’abat, à la mesure de la crainte de la bourgeoisie et de son appareil d’État face à des révoltes qui les prennent par surprise : les exploités, les opprimés ne doivent surtout pas relever la tête, les révoltes sont d’autant plus contagieuses que le système est inique et vomi par la population.

Ce qui est bien le cas en Kanaky où Macron entend imposer le fait colonial à une population kanak qui n’en veut pas. La Nouvelle-Calédonie est une colonie, conquise en 1853 pour que la France dispose d’une colonie pénitentiaire, mais aussi d’une position stratégique dans cette partie de l’océan Pacifique. L’histoire de la colonisation de la Kanaky n’est faite que de spoliations des Kanak des meilleures terres, de leur maintien dans la pauvreté, la précarité et du déni de leurs droits.

Les accords de Matignon de 1988 et de Nouméa de 1998 prévoyaient une évolution de l’archipel vers une décolonisation graduelle. Les principales organisations indépendantistes kanak sont rentrées dans ces accords, acceptant l’idée que l’État français était un « arbitre neutre » entre les représentants des colons anti-indépendantistes et les organisations indépendantistes. Macron a piétiné les accords, avançant d’un an le troisième référendum prévu sur l’indépendance et le maintenant malgré la crise sanitaire, malgré la décision de boycott prise, de ce fait, par les organisations kanak. Il faut dire que le vote pour l’indépendance progressait et que Macron n’a rien à refuser aux colons qui tiennent à leur « Caillou » de nickel, tandis que les militaires français peuvent disposer de plus de 2 000 kilomètres de côtes et de l’espace maritime que cela octroie à la marine française en zone Pacifique.

Organiser les travailleurs pour renverser la société capitaliste

Cette situation montre aussi les limites de la plupart des organisations indépendantistes qui ont entretenu des illusions sur la « neutralité » de l’État français. Il a pourtant suffi d’une simple décision prise à Paris pour tout remettre en cause d’un seul coup…

Les forces de répression coloniales sont aujourd’hui à l’œuvre en Kanaky. Les flics démantèlent sans cesse les barrages montés par les Kanak : il faut dire que, sitôt démantelés, sitôt reconstitués ! Macron et les forces coloniales n’en ont pas fini avec la révolte des Kanak qui doivent pouvoir compter sur le soutien inconditionnel de la part des travailleurs de l’Hexagone : ceux qui oppriment les Kanak sont les mêmes que ceux qui exploitent les travailleurs d’ici.

Il reste que, demain, les travailleurs de Kanaky – les Kanak, mais aussi les Wallisiens, les Vietnamiens que le capitalisme fait venir pour travailler dans les mines et les usines de l’archipel – auront besoin d’une perspective politique qui ne s’arrête pas à la question de l’indépendance et qui pose aussi celle de la fin de l’exploitation. Ainsi, les accords de Matignon et Nouméa ont enrichi une petite frange de Kanak, pour lesquels l’indépendance pourrait être une source de plus grande richesse encore. C’est pour cela que la construction d’un parti visant à l’émancipation révolutionnaire de tous les travailleurs et travailleuses de Kanaky serait un point d’appui pour dépasser les limites des organisations indépendantistes, que la crise actuelle soulève une nouvelle fois.

Marie Darouen et Jean-Jacques Franquier

(Lire aussi : Pour l’impérialisme français, un nickel qui vaut de l’or !)