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Kanaky – « Un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre », Karl Marx

Au printemps dernier, un projet de modification de la loi électorale en Kanaky (autre nom de l’archipel de Nouvelle-Calédonie, colonisé par la France depuis les années 1850) visait à minorer le poids électoral des Kanak dans leur propre pays. Cette loi électorale avait provoqué des manifestations massives et déterminées et la révolte s’est installée dans la durée. Depuis, l’État français s’efforce d’« apaiser » la situation… à grands renforts de gendarmes. Jeudi 15 août, ces gendarmes ont tué un homme, portant à onze le nombre des victimes, et en ont grièvement blessé un autre. L’état d’urgence a été rétabli jusqu’au 26 août.

Thio encore, 40 ans après

Les faits se sont produits sur une route dont des militants indépendantistes avaient repris le blocage, près du village de Thio. Cette localité est un bastion de l’indépendantisme kanak depuis les années 1980. Une mobilisation déjà payée du prix du sang. En novembre 1984, des gendarmes français assassinaient à Thio le leader indépendantiste Éloi Machoro.

La mine de nickel de la SLN toute proche faisait de Thio un symbole du pillage par l’impérialisme français. Quarante ans après, le gisement de nickel commence à se tarir. Par contre, son extraction n’a pas fini d’empoisonner les populations qui vivent aux alentours. Thio est donc plus que jamais acquis à la cause de l’indépendance.

Une partie de la jeunesse n’écoute pas les appels au calme

Depuis la levée de l’état d’urgence le 28 mai dernier, le gouvernement de Macron a certes rétabli TikTok, mais il n’a pas rapatrié en métropole ses moyens de répression. Au contraire, il les a renforcés. 3 500 flics de toutes catégories sont déployés, soit un pour moins de 80 habitants. Une dizaine de véhicules blindés sont encore arrivés en juillet. Le gouvernement croyait peut-être décapiter le mouvement en faisant arrêter en juin les dirigeants de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), et en déportant sept d’entre eux dans des prisons françaises, à 17 000 kilomètres de leur famille. Mais les affrontements n’ont pas cessé. Toute une partie de la jeunesse kanak pour qui cette occupation militaire est insupportable n’écoute plus les appels au calme, même quand ils émanent de la CCAT. Et l’attitude des leaders anti-indépendantistes leur donne des raisons supplémentaires de lutter. Le 12 juillet, leur cheffe de file, Sonia Backès, a annoncé que la province qu’elle dirige mettait fin à l’aide médicale, c’est-à-dire la gratuité des soins pour les plus pauvres, au motif que les émeutes lui coûtaient trop cher. Les patrons, eux, ne se gênent pas pour réclamer à Macron que les subventions décrétées pour « relancer l’économie » – autrement dit leurs profits – continuent de pleuvoir.

Un projet de colonialisme 2.0

Certes, Macron a gelé cette loi électorale qui visait à mettre en minorité les Kanak sur la terre de leurs ancêtres pour s’assurer que les urnes ne donnent jamais une majorité à la cause indépendantiste. Mais il faudrait être naïf pour croire que l’État français puisse abandonner facilement le contrôle de la Kanaky à ses habitants. À l’heure où la puissance de la Chine vient troubler la domination occidentale sur la planète, il compte bien défendre sa place dans le monde impérialiste, comme on a pu le voir récemment encore, quand Macron s’est entouré de dirigeants africains de ce qui reste de la Françafrique lors de la récente commémoration du débarquement en Provence de 1944. Et tant pis s’il faut pour cela mater dans le sang la révolte de quelques dizaines de milliers de Kanak.

Eh bien, c’est contre tout cela que nous devons nous dresser, nous travailleurs, en France. Cette politique criminelle a lieu en notre nom. Le moins que nous puissions faire, c’est d’exprimer à qui va notre solidarité : avec un peuple en lutte pour sa liberté, contre ses exploiteurs – qui sont aussi les nôtres – et contre l’État à leur service. À bas l’impérialisme français !

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 19 août 2024

 

 


 

 

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