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La dégradation du système éducatif délaisse des milliers de jeunes à Saint-Nazaire

L’année scolaire s’est terminée non sans mal à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Elle a vu la dégradation des conditions d’études et de travail s’accélérer brutalement. Ici, comme ailleurs, des milliers de jeunes subissent l’effondrement du système éducatif.

Le désengagement violent de l’État

L’enseignement public est le plus mal en point. L’évolution du lycée Aristide-Briand, l’un des plus grands de France, le démontre par les chiffres. En dix ans, l’établissement a perdu son médecin scolaire et son assistant social. Leur travail a disparu ou a été récupéré par les deux infirmières et les assistants d’éducation (AED, 16 postes, soit un de moins en dix ans).
Dans le sens contraire, l’effectif scolaire est passé de 2 000 élèves en 2014 à 2 400 élèves en 2024. Le personnel travaille comme il peut, jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. En 2025, cinq travailleurs de l’intendance sur huit ont été arrêtés. Comme parmi les profs, les agents ou les AED, les remplacements tardent de plus en plus ou n’existent tout simplement pas.

Le lycée voit aussi ses bâtiments se délabrer. Un exemple : en janvier dernier, élèves et profs ont fait cours dans un bâtiment sans chauffage, malgré les températures négatives.
La liste des défaillances est longue. Elle s’applique aussi à l’internat, qui n’accueillera plus le dimanche soir. Environ 80 élèves se retrouvent à la rue, à devoir louer un Airbnb, prendre le train le lundi ou être hébergés chez des amis.

Des adolescents aux adultes, l’effondrement des services publics, c’est aussi la menace de suppression de l’AFPA. L’agence de formation professionnelle accueille à Saint-Nazaire environ 190 stagiaires chaque mois, pour des reconversions professionnelles, des recherches d’emploi, du décrochage scolaire… Le privé prendrait la place, mais les compétences en moins et le coût des formations en plus.

Le privé excelle pour briser les élèves

L’année 2025 a aussi vu la disparition de la seule formation d’esthétique du coin : l’IFCB. Cette école privée a fini comme beaucoup d’autres en liquidation judiciaire et comme d’habitude, ce sont les mêmes qui trinquent : une soixantaine d’élèves et leurs parents doivent improviser pour l’année qui suit. La plupart sont des mineurs qui doivent précipitamment préparer une nouvelle vie à 1 heure ou à 2 heures de route, le prix de l’essence et du logement en plus du prix exorbitant des écoles privées.
En parlant de privé, Saint-Nazaire a aussi connu son scandale. Au lycée Notre-Dame d’Espérance, une dizaine de lycéennes ont subi des agressions sexistes et sexuelles de leur directeur. Un rassemblement d’élèves et de parents a médiatisé l’affaire. Le directeur a fini par être licencié.

En fait, chacun de ces sujets a été rendu public à la suite d’une mobilisation. C’est significatif. Tout le monde subit la dégradation des conditions d’études et de travail. Élèves et personnels encaissent un système éducatif qui se dégrade à mesure que l’État et les capitalistes l’exploitent. Et beaucoup ne se laissent pas faire. Il faut maintenant lier chaque combat pour commencer à construire une mobilisation d’ampleur.

10 juillet 2025, Correspondant