Nos vies valent plus que leurs profits

La fin du travail… ou celle du profit ?

Certains capitalistes rêvent de remplacer les hommes par des IA : plus de revendications, plus de grèves !

Le machinisme est aussi vieux que le capitalisme, c’est-à-dire l’investissement du capital dans la production proprement dite. Et c’est la concurrence qui est à la base de la course à la mécanisation : si une machine prend moins de temps à être produite que le temps de travail qu’elle permet d’économiser, elle est rentable pour celui qui l’a introduite. Il peut en effet fixer ses prix juste en dessous de ceux de ses concurrents tout en restant au-dessus du prix que permettrait la nouvelle machine. Du moins tant que ses concurrents n’en ont pas fait autant, ou mieux, car alors, technologies nouvelles et concurrence conduiront à une nouvelle baisse de la valeur d’échange des objets : moins de travail humain implique une valeur moindre. Comme le profit capitaliste provient non pas des machines, mais de la valeur du travail humain non rétribuée, la mécanisation « intégrale » de toute la production réduirait le profit à rien, supprimant ainsi la base de l’échange marchand, ce qui n’est pas compatible avec le capitalisme.

En Inde ou au Bangladesh, il n’y a pas que les « Turcs mécaniques » alimentant l’apprentissage des IA : il y a aussi des travailleurs qui colorent les tissus en les foulant à pieds nus dans des bains hautement toxiques… Une société débarrassée du capitalisme concevra des machines intelligentes pour faire disparaître les tâches éprouvantes et dangereuses, parce que ces machines seront pensées pour libérer l’humanité du travail et non l’y asservir : production et consommation seront planifiées en fonction des besoins, et ce sera tant mieux si nous devons être de plus en plus remplacés par des IA. Cela laissera du temps pour se consacrer à l’essentiel : enrichir le savoir collectif, jouir des beautés de la vie, faire de la planète un lieu où il fasse bon vivre, dans le respect des humains et de toutes les espèces.

J.-J. F.

 

 


 

 

Intelligence artificielle, capitalisme bien réel — Sommaire du dossier