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La grève dans l’automobile aux États-Unis

Vendredi 15 septembre, la United Auto Workers (UAW) – syndicat unique dans le secteur automobile aux États-Unis – a démarré la grève la plus importante de ces quarante dernières années, grève qui touche simultanément les Big Three, les trois principaux constructeurs automobiles présents sur le sol américain : Ford, General Motors et le groupe franco-italien Stellantis, maison mère de la troisième marque historique américaine, Chrysler.

Votée par 97 % des 155 000 syndiqués de l’UAW, cette grève fait suite à l’expiration du contrat, passé entre le syndicat et les trois entreprises, qui régit les conditions de travail et de salaires (l’équivalent de conventions collectives françaises mais qui est renégocié plus fréquemment). L’UAW revendique, entre autres, des augmentations de salaire de 36 % sur quatre ans, la réduction du temps de travail à 32 heures, la fin du système des payes à plusieurs niveaux (les nouveaux embauchés ne bénéficient pas des mêmes grilles que les plus anciens) ainsi que la sécurité de l’emploi. En effet, cette grève intervient dans un contexte d’importantes restructurations qui ont déjà entraîné la fermeture de l’usine Jeep dans l’Illinois en février ; et Stellantis envisagerait la fermeture de 18 usines et dépôts de stockage sur un total de 35 aux États-Unis d’après le journal La Tribune, c’est donc aussi malgré ces menaces que la grève a démarré. Tout cela alors que les trusts de l’automobile ont fait ces dernières années des profits records : 21 milliards de dollars rien qu’au cours des six premiers mois de cette année !

L’UAW a aujourd’hui à sa tête une nouvelle équipe dirigeante au discours plus combatif que la précédente. Elle prétend tourner la page du syndicalisme d’accompagnement qui caractérisait l’ancienne direction. Le syndicat n’avait, jusqu’à ce vendredi 22 septembre, lancé dans la bataille que 12 700 salariés présents dans trois usines d’assemblage, une pour chaque entreprise. Elle avait menacé d’étendre cette grève à d’autres usines si les constructeurs restaient sur leurs propositions (autour 20 % d’augmentations de salaires sur quatre ans). Il semble que, devant le refus de GM et Stellantis de faire évoluer leur position, la direction de l’UAW ait décidé d’étendre la grève à trente-huit sites de ces deux groupes répartis sur vingt États. Ford ne serait pas concerné par cette extension de la grève, l’UAW ayant fait état d’avancées dans les négociations avec ce trust.

Il s’agit d’un plan syndical qui permet certes une augmentation progressive de la pression, au gré de l’évolution des négociations, mais qui permet aussi à la direction de l’UAW de garder un contrôle complet sur la lutte des travailleurs à qui il n’est demandé que de suivre. La colère est pourtant perceptible, non seulement sur les premiers sites touchés par la grève – qui y est bien vivante grâce à la présence de piquets de grèves dynamiques –, mais aussi dans toutes les entreprises de l’automobile et les grévistes auraient tout à gagner à pouvoir s’organiser directement entre eux et participer plus activement aux décisions. Dans un direct sur Facebook, le nouveau président de l’UAW, Shawn Fain, était interpellé par des messages dans le chat : « Que ceux qui se disent prêts fassent grève ! » ; « Je peux faire grève maintenant ? ? ! » ; « Mettez-nous dans le jeu coach ! ! ».

Dans les usines françaises, cette grève fait beaucoup parler d’elle, espérons qu’elle donnera bien des idées aux travailleurs de France et d’ailleurs pour entrer à leur tour dans la lutte. Nous reproduisons ici un tract édité par le syndicat Sud de l’usine Stellantis de Poissy (l’ancien syndicat CGT exclu par la fédération de la Métallurgie), ainsi qu’une retranscription de l’éditorial de nos camarades de l’organisation américaine Speak Out Now, et l’interview d’une travailleuse d’une usine Ford de Chicago.

Adrian Lansalot

 


 

 

 

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