Si les mouvements de tempérance du XIXe siècle avaient pour origine des bourgeois ou des religieux qui voyaient dans l’alcoolisme un vice dû aux mauvaises mœurs des ouvriers, le mouvement ouvrier a su prendre part à la lutte contre ce fléau, comme en France la Fédération ouvrière antialcoolique. Ces militants prônaient un véritable changement dans le mode de vie, en promouvant la participation aux clubs, associations et partis ouvriers comme une alternative aux ravages sociaux de l’alcoolisme. Lors de la révolution russe, les bolcheviks mirent fin à la production massive de vodka, manne financière pour l’État tsariste et catastrophe sanitaire. Ils mirent en place de vastes campagnes de prévention. C’est le reflux de la révolution sous le stalinisme qui a signé la fin de cette politique. La dégradation des conditions de travail et de vie a favorisé l’alcoolisme dans les milieux ouvriers. La chasse aux pauses et aux temps morts a amené les patrons à durcir le règlement au sein de l’usine, mais cela n’empêche pas de boire à la sortie du travail. S’il n’existe pas de panacée contre les addictions dans le cadre de cette société délétère, les principales organisations de la classe ouvrière ont abandonné pour l’essentiel la lutte contre l’alcoolisme et ne font pas contrepoids à l’absence de perspectives sur laquelle ce dernier prospère…
Robin Klimt
Sommaire du dossier
- Sous couvert de lutte contre la drogue, le flicage permanent
- Exploitation facile et concurrence féroce : le trafic de drogue, un concentré de capitalisme
- Le blanchiment, c’est simple
- La bourgeoisie en quête de deal(s) juteux, hier et aujourd’hui
- La lutte du mouvement ouvrier contre l’alcoolisme
- Pour un monde sans drogues, quelles solutions ?