Des chercheurs de l’hôpital Robert-Debré à Paris, de l’Inserm, de l’université Paris-Cité et du département de pédiatrie de l’hôpital de Cayenne, en Guyane, viennent de publier une étude qui montre que le scorbut, maladie liée aux carences alimentaires, et qui avait pratiquement disparu à la fin du 19e siècle dans les pays développés, est de retour. Autrefois, cette maladie était courante chez les marins passant de longs mois en mer sans possibilité de consommer des fruits et des légumes frais. Aujourd’hui, elle touche principalement des enfants de milieu très pauvre. 888 enfants ont été hospitalisés pour cette raison durant les neuf dernières années, et le nombre de cas est en hausse de 35 % depuis mars 2020, marqué par les débuts de la pandémie de Covid-19 associée à une hausse des difficultés socio-économiques des familles aggravée par l’inflation. L’augmentation du nombre de cas de scorbut était plus prononcée chez les enfants âgés de 5 à 10 ans, avec une augmentation cumulée de 200,8 %. Pendant la même période, plus de 135 000 autres enfants étaient hospitalisés pour malnutrition sévère sans développer le scorbut. Parmi l’ensemble, 4 enfants hospitalisés pour scorbut et 1 059 enfants hospitalisés pour malnutrition sont morts. La réapparition de cette maladie de la pauvreté est révélatrice de la misère qui règne dans ce pays.