D’après le dernier bilan de la Sécurité sociale dont on dispose, en 2022, il y a eu au moins 1 227 salariés morts du fait du travail en France : 738 dans un accident mortel sur le lieu de travail, 286 « accidents de trajet », et au moins 203 des suites d’une maladie professionnelle reconnue comme telle. Mais c’est peu dire que ces chiffres sont loin de permettre d’apprécier réellement l’ampleur de l’hécatombe. Pour commencer, ils ne prennent pas en compte les décès survenus dans la fonction publique, parmi les travailleurs indépendants, ou encore parmi les travailleurs non déclarés.
Et que penser des milliers d’accidents graves parfois lourdement invalidants, ou des dizaines de milliers de maladies d’origine professionnelle non reconnues mais qui brisent bien des vies de travailleurs et de travailleuses ?
Ouvriers, jeunes, et surtout précaires, intérimaires ou sous-traitants sont en première ligne des accidents graves et mortels au travail. Et si certains secteurs exposent plus que d’autres les travailleurs à des risques élevés (dans le BTP, le transport routier, l’industrie ou l’agriculture), il n’y a pas de fatalité au surgissement de ces accidents qui ne pardonnent pas. Bien au contraire : ne pas mourir au travail, c’est une exigence élémentaire et parfaitement atteignable !
Mais, au-delà des manquements à la sécurité qu’on peut (et qu’il faut) pointer après chaque accident, c’est toute l’organisation du travail et la course au profit maximum qui sont en cause : les restrictions sur l’entretien des machines ou sur la formation, la pression de la cadence, la fatigue liée au temps de travail, la dépendance économique et la peur de perdre son emploi… ce système nous exploite sans limite. Nous organiser pour le combattre est vital.
(Article paru dans le numéro 18 de Révolutionnaires)