Nos vies valent plus que leurs profits

Les Jeux olympiques du point de vue des travailleurs des transports

Avec la fin des Jeux paralympiques ce 8 septembre, la page de la grande parade estivale se tourne… enfin pour certains. Dans les rouages de cette grande machinerie, ce sont des dizaines de milliers de travailleurs qui voient encore pour quelque temps leurs conditions de travail bouleversées. Le secteur du transport a été particulièrement concerné, et pas seulement dans l’Île-de-France.

À la RATP, le succès des épreuves paralympiques aura aussi permis de dénoncer l’inaccessibilité du réseau pour les personnes handicapées, un des paradoxes scandaleux de ces Jeux. Par ailleurs, si les conditions de travail des conducteurs étaient sensiblement meilleures qu’à l’accoutumée du fait de la baisse du trafic, les modifications de lignes auront eu des conséquences néfastes pour les usagers. Beaucoup de déviations, de changements de terminus ont émaillé l’été, transformant en véritable casse-tête l’utilisation du réseau de surface.

En effet, la desserte des sites d’entraînement et d’épreuves était réservée à des entreprises de l’interurbain qui, comme Keolis, avaient créé des filiales juste le temps des Jeux. Les conducteurs venus de tout le pays (et même de Belgique !) ont pu échanger sur leurs conditions de travail particulières, qui étaient maintenues. De quoi se donner des idées de revendications !

À la SNCF, un des nombreux faits marquants de l’été aura été la gestion ubuesque des congés par l’entreprise. Sujet sensible chez les cheminots, qui déjà en temps normal ne peuvent pas prendre leurs vacances si facilement pendant l’été. Cette année, l’entreprise aura mis une pression maximale pour disposer de beaucoup de personnel… jusqu’à l’absurde et des situations de sureffectif se sont multipliées ! Pourquoi ne pas imposer en cette rentrée ces normes d’effectif « olympiques » ?

Bien des travailleurs, avant et, plus rarement, pendant la compétition, ont cherché (avec des fortunes diverses) à utiliser la pression que l’organisation des Jeux mettait sur patronat et gouvernement. Souvent de manière partielle et limitée, comme les aiguilleurs du tramway lyonnais, en grève sans en avoir informé les conducteurs pendant la desserte des matchs de football. Des mouvements plus massifs et coordonnés, dont ne voulaient pas les directions syndicales, auraient mis une autre ambiance dans cette « trêve olympique ». Mais place désormais à la flamme des luttes, qui devra brûler en cette rentrée.

Correspondant

(Article paru dans le numéro 18 de Révolutionnaires)