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Mais qui a peur de l’éducation à la sexualité ?

En Belgique, un front des milieux religieux intégristes (catholiques et musulmans en tête) et des adeptes des théories complotistes sur la prétendue pédocriminalité des élites est vent debout contre l’Evras (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle). Six écoles ont brûlé, dont quatre avec des mentions anti-Evras – drôle de manière de « préserver » les enfants.

Lors d’une manifestation de 1500 personnes à Bruxelles le 17 septembre, le président de Civitas, un mouvement catholique intégriste, a dénoncé le « plan mondial promu par l’OMS pour installer un nouvel ordre mondial sexuel pervertissant les enfants. » Mais ce n’est pas parce que l’Église catholique, elle, a érigé en système international la non-dénonciation de la pédophilie qu’il faut voir des complots partout !

La polémique a également enflé ici. Le rappeur Rohff, « avertisseur » autoproclamé, a ainsi relayé une pétition française contre la « Loi Evras » qui « enseigne la pénétration et la pornographie à 9 ans ». La confusion entre la Belgique et la France n’étant pas moins la moindre des contre-vérités ici…

Ils veulent la loi du silence dans une société hypersexualisée

Au fond, l’argument de cette coalition d’extrême droite est que les enfants n’ont pas besoin d’entendre parler de sexualité. Rien n’est plus faux, déjà parce qu’il est normal de se poser des questions (sur son corps par exemple). Ensuite, parce que les enfants sont de toute façon très vite exposés au sujet ! Sur leur téléphone ou derrière l’ordinateur familial, ils peuvent être soumis à des contenus sexuels (et sexistes !), pouvant prendre un caractère pornographique.

Ces sujets-là devraient-ils se régler en famille ? Autant dire pas du tout, si la sexualité y est taboue ! Et puis, ce serait oublier combien les relations familiales peuvent dysfonctionner à différents degrés et être le cadre, dans certains cas, de violences sexuelles.

En quoi consiste l’éducation à la sexualité ?

Alors qui de mieux placés, pour désamorcer et discuter, que des adultes formés, qui mettent en place des séances sécurisées où la parole est libre mais encadrée ? Car oui, il est possible de répondre aux questions des enfants sans arrière-pensées malsaines. Il faut vraiment être un obsédé maladif pour soutenir le contraire.

En France, de la primaire à la terminale, les élèves ont en théorie trois heures par an d’éducation à la vie affective et sexuelle. Le but de ces séances est de répondre à leurs interrogations (et il y en a) sur leur corps, la reproduction, et aussi les relations amoureuses. Les sujets et les explications fournies sont adaptés à l’âge des enfants et consistent toujours à répondre à une question posée, jamais à introduire un sujet pas évoqué. On y parle très peu d’actes sexuels au sens technique, mais on y fait énormément de prévention. Au cœur de ces séances sont les notions de consentement, de respect du corps et des sentiments. On désamorce les préjugés, on déconstruit l’image de la sexualité véhiculée par la pornographie, on rassure, on développe l’acceptation de la différence et l’empathie. Malheureusement, ces séances ne sont souvent pas assurées dans le volume horaire prévu, faute de moyens. Et de nombreuses classes ne bénéficient d’aucune intervention de ce type durant leur scolarité.

Comme toutes les campagnes d’extrême droite, la propagande anti-éducation sexuelle vise à alimenter des craintes infondées et le repli sur soi basé sur la religion et le carcan familial. Les intégristes religieux, toutes religions confondues, comme on le voit avec les récents incidents en Belgique, sont à l’offensive. Face à cela, les travailleurs révolutionnaires ont toujours défendu l’émancipation collective, ce qui implique de pouvoir parler de tous les sujets et de poser tous les problèmes à l’échelle de la société, sans tabou ni omerta.

Nikki Promakh, Bastien Thomas et Bertrand Karmann