NPA Révolutionnaires

Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Marseille : école en galère, école en colère

La situation dans les écoles à Marseille en cette rentrée pose encore bien des problèmes : classes surchargées, locaux insuffisants et vétustes, présence d’amiante, cruel manque de personnel encadrant… À l’école maternelle HLM Méditerranée des Chutes Lavie, classée REP+1, les parents ont décidé de ne pas laisser faire !

Une école pleine à craquer

Au printemps dernier, devant la hausse des effectifs, l’Éducation nationale a ouvert une neuvième classe dans l’école. Mais, malgré les préfabriqués qui encombrent déjà la cour depuis plusieurs années, les minots sont à l’étroit, et la nouvelle classe a dû s’installer… dans un couloir – rendant inaccessible du même coup la salle de mobilité. Une situation qui révolte les parents, d’autant qu’il existe dans l’école un grand appartement de fonction, vacant depuis des années, et dans lequel, malgré les promesses, il n’a jamais été envisagé sérieusement de réaliser des travaux.

Avec l’augmentation des effectifs en petite section, pour lesquels la sieste l’après-midi est obligatoire, le dortoir est devenu trop petit, avec seulement cinquante lits pour plus de soixante élèves. Si bien que les parents ont été invités à signer une décharge de déscolarisation à l’année et à ne pas mettre leurs enfants à l’école l’après-midi. Un comble !

Atsem : le sous-effectif ne faiblit pas

Question encadrement, le sous-nombre de « tatas » est devenu insupportable. Officiellement il y a huit Atsem (agentes territoriales spécialisées des écoles maternelles) pour neuf classes (une « tata » de moins que le nombre de classe, comme dans toute la ville) mais elles sont en réalité constamment appelées dans d’autres établissements pour combler les manques et les absences. Il n’est pas rare qu’il n’y ait que quatre Atsem pour toute l’école. Au mois de septembre, des enseignantes ont dû aider au service de la cantine, par manque de personnel présent. Au bout de quinze jours, les tatas se disaient déjà épuisées comme en fin d’année, et lundi 16 septembre, toutes les Atsem et la cantinière étaient en grève.

Le manque de personnel dans les crèches et les écoles est un problème récurrent à Marseille. Le taux d’encadrement sur les temps de cantine y est bien plus faible qu’ailleurs. Là où il est en moyenne d’un pour quinze en maternelle et d’un pour vingt-cinq en primaire, on ne compte au mieux à Marseille (à effectif complet) qu’une « tata » pour vingt-cinq enfants en maternelle et une pour plus de cinquante en primaire. Une situation révoltante que le personnel municipal ne cesse de dénoncer.

Les parents s’organisent

Refusant d’accepter la situation, des parents d’élèves ont commencé à s’organiser. Une vingtaine de familles se sont ainsi relayées pour écrire et distribuer un tract, coller des affiches dans les commerces environnants, ou encore écrire à la mairie. Un « goûter de la colère » a rassemblé enseignantes, Atsem et parents le 29 septembre devant l’école, en présence du maire d’arrondissement et rejoint par l’adjoint à l’Éducation de la mairie centrale (en charge du dossier) avec 40 minutes de retard, bien après les prises de paroles. Un rendez-vous a été obtenu auprès de la mairie.

La mairie palabre beaucoup et fait bien peu

Devant la mobilisation qui s’organise, la mairie remplace à la hâte l’unique structure de jeux, cassée et entourée de rubalise qui attendait d’être changée depuis plus d’un an. Concernant l’aménagement des locaux, elle s’engage à « lancer une étude de faisabilité » pour transformer les logements de fonction en salle de classe – une tâche qui pourrait prendre plusieurs mois – tout en rejetant le problème de l’ouverture d’une classe sur l’Éducation nationale – comme s’ils avaient découvert la situation à la rentrée !

Pire encore, dans le journal local, La Marseillaise, M. Huguet, adjoint au maire, rejette la responsabilité sur l’équipe enseignante qui aurait refusé de réunir dans une même salle trente enfants de maternelle (dont deux en situation de handicap) pour faire de la co-intervention. Le Printemps marseillais2, qui fait prétendument de l’éducation sa priorité et des classes populaires sa préoccupation, trouve donc satisfaisant de concentrer trente enfants de grande section dans la même salle en REP+ quand la limite légale de vingt-quatre n’est jamais dépassée dans les quartiers huppés du 8e arrondissement.

De quoi dégoûter une équipe enseignante pourtant plus qu’impliquée auprès des élèves. Quant aux « tatas », l’adjoint au maire répond qu’il faut être patient (encore et toujours), et qu’elles sont en cours de recrutement. En attendant les parents viennent d’apprendre que l’adjoint de la cantinière vient d’être déplacé définitivement dans une autre école. De quoi ajouter de la colère à la colère !

C’est une situation qui, sans aucun doute, appellera à de nouvelles mobilisations tant qu’une solution satisfaisante et pérenne ne sera pas obtenue !

Correspondantes


 

1 Réseau éducation prioritaire.
2 Liste d’union de la gauche regroupant notamment le PS, Europe Écologie Les Verts, le PCF, La France insoumise, Génération.s et Ensemble !