Albert Corrieri, un homme de 102 ans, a décidé d’attaquer en justice l’État pour obtenir réparation de ses deux années de travail forcé passées en Allemagne entre mars 1943 et avril 1945 dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), institué par le gouvernement de Vichy pour répondre aux exigences allemandes de main-d’œuvre. 600 000 travailleurs furent expédiés outre-Rhin dans ce cadre. Corrieri demande donc symboliquement une somme 43 200 euros (soit dix euros de l’heure) au titre de sa rémunération pour la période de travail forcé pendant laquelle il fut chargé de remplir des wagons de charbon. Dans sa plaidoirie, son avocat, Me Michel Pautot, a rappelé que son client avait été « déporté par la volonté du régime de Vichy et réduit en esclavage ». Il a souligné que « selon toutes les lois et conventions, nationales et internationales, la déportation comme la réduction en esclavage sont des crimes contre l’humanité et sont donc imprescriptibles par nature ». Le ministère public continue d’affirmer malgré tout que les faits sont prescrits. Il avait fallu attendre le 16 juillet 1995 pour que Jacques Chirac, alors président de la République, reconnaisse la responsabilité de la France de Vichy dans la déportation des Juifs… avec 50 ans de retard. Mais pour le STO on attendra encore un peu…