Finalement, c’est Michel Barnier (Les Républicains), 73 ans, que Macron a sorti de son chapeau pour devenir Premier ministre, le plus vieux de la Ve République. La qualité principale de Michel Barnier, technocrate assez terne, est sa souplesse d’échine. Il s’adapte à tout et tourne avec le vent. Ministre dans plusieurs gouvernements de droite puis commissaire européen, en charge notamment du Brexit, il s’est distingué pour défendre des positions proches de l’extrême droite – notamment sur l’immigration, le voile, la double peine pour les délinquants étrangers, etc. – et, de plus, pour être peu ou prou homophobe puisqu’en son temps il s’était opposé à la dépénalisation de l’homosexualité. Il souhaite le recul de l’âge de la retraite à 65 ans, l’augmentation de la durée hebdomadaire du temps de travail et la création d’une aide sociale unique remplaçant les aides sociales et conditionnée à une disponibilité du bénéficiaire, notamment pour « effectuer des activités utiles à la collectivité ou en entreprise ».
De quoi, sinon séduire le Rassemblement national, du moins obtenir de lui une neutralité bienveillante à l’Assemblée nationale. D’ailleurs aussitôt que son nom a été rendu public, le président du RN, Jordan Bardella, a fait savoir qu’il ne s’opposerait pas par principe à Barnier mais que lui et ses députés « jugeront sur pièces ». Dans ces conditions, il est possible que Barnier obtienne une majorité à la Chambre. Mais ce sera un court répit dans la crise politique que traverse le pays et qui n’est pas près de se résoudre. Aux travailleurs de s’organiser pour ne pas en faire les frais.