Nos vies valent plus que leurs profits

En Argentine, Milei traque les militants politiques

Buenos Aires, 12 juin 2024

La population argentine s’organise contre la Loi de Bases et toute la politique pro-patronale du gouvernement d’extrême droite. L’exécutif répond par une répression sans limite, n’hésitant pas à accuser les militants de sédition et « d’actes terroristes ». Solidarité internationale avec les camarades du Fit-U et les détenus politiques.

Chaque semaine la colère grandit en Argentine contre ce gouvernement qui applique une politique ultra-libérale pour attirer les investissements étrangers et qui sème la faim dans une part croissante de la population. Depuis le début de son mandat en décembre 2023, le gouvernement Milei cherche à criminaliser le droit de grève et de manifestation. Après les revers de sa loi omnibus et de son méga-décret d’urgence (DNU) en janvier, le président d’extrême droite revient de plus belle avec une loi plus ciblée et plus consensuelle pour le patronat. Elle vise notamment la privatisation d’entreprises publiques stratégiques (notamment l’entreprise d’assainissement de l’eau ; Sofse, équivalent de la SNCF ; Corredores Viales, gestionnaire des autoroutes ; Energia y Argentina, exploitant d’hydrocarbures ; et Intercargo, qui sécurise les aéroports), ainsi que l’instauration d’une niche fiscale pour les multinationales pendant 30 ans et une réforme du travail pour restreindre de nouveau le droit de grève et de manifestation.

Liberté pour les prisonniers politiques !

Face à cette nouvelle attaque d’ampleur, l’extrême gauche mobilise dans la rue. Malgré le silence complice des centrales syndicales, une mobilisation d’ampleur se tenait mercredi 12 juin à Buenos Aires, devant le Congrès, où se discutaient les modalités de ce projet antisocial. S’en est suivie une répression brutale de la police qui n’a pas lésiné sur le gaz lacrymogène et qui tirait des balles en caoutchouc sur les manifestants. Les forces du désordre ont aussi arbitrairement arrêté plus de 30 étudiants et travailleurs, dont certains vendaient des sandwichs dans la manifestation et même d’autres interpellés à dix pâtés de maisons, n’ayant même pas manifesté. Plus de dix jours après la manifestation, cinq d’entre eux restent toujours détenus dans des conditions indignes au motif « d’actes terroristes » et de sédition sortis du chapeau, mais dont la justice peine toujours à présenter la moindre preuve. Javier Milei accuse même le Mouvement socialiste des travailleurs (MST) d’un appel au « renversement du gouvernement ». Les sanctions à venir s’annoncent très lourdes, certains manifestants risquent jusqu’à dix ans de prison.

Local du Parti ouvrier perquisitionné

Le gouvernement s’en prend à ceux qui le menacent directement : les militants politiques. Et à ce jeu sordide, tous les coups sont permis, à commencer par la calomnie afin de décrédibiliser ses adversaires. Une semaine plus tôt, l’exécutif perquisitionnait le local du Parti ouvrier (PO) et espionnait ses militants au motif de détournement de fonds publics. Le PO a répondu par des preuves pour démentir ce tissu de mensonges. S’il existe bien un responsable de la situation de crise, c’est Milei. Depuis janvier, il a coupé les subventions destinées aux cantines populaires et fait de la rétention alimentaire de denrées sur le point de périmer, alors que l’inflation délirante de 276 % contraint les travailleurs à sauter des repas et présage d’un hiver désastreux, avec des factures d’énergie impayables et donc des foyers non chauffés. Fait notable, la frontière andine est régulièrement paralysée à cause des files interminables d’automobilistes argentins qui se bousculent pour faire leurs courses au Chili.

Sur son compte Instagram, Milei se prend pour Terminator. Il insinue vouloir éliminer Belliboni (dirigeant du PO), syndicalistes, gouverneurs et députés.

Depuis le premier jour de son mandat, Milei avait inscrit le Fit-U (Front des travailleurs-Unité) sur sa liste d’ennemis directs, à commencer par Chiquito Belliboni, un des dirigeants du PO et figure du mouvement piquetero, dont la combativité donne tant de fil à retordre à la bourgeoisie depuis une vingtaine d’années. Un épisode brutal qui nous rappelle s’il le fallait que l’extrême droite gouverne toujours pour le profit des patrons, contre l’intérêt des travailleurs. Le NPA-Révolutionnaires apporte son soutien entier et sa solidarité internationale aux camarades argentins opprimés, exige la libération immédiate des manifestants toujours détenus et la levée de toutes les poursuites judiciaires qui visent à faire taire la contestation.

Signez la pétition pour la libération immédiate des prisonniers politiques arrêtés mercredi 12 juin lors de la mobilisation contre la Loi de Bases.

Lamine Siout