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Palestine

Alors que les manifestations antigouvernementales continuent dans le pays, Netanyahou a annoncé l’exclusion de 1000 réservistes de l’armée de l’air. Ceux-ci avaient osé signer une tribune demandant le retour des otages « même au prix d’un changement immédiat dans la guerre ». Mais cette mesure répressive ne suffit pas à faire taire la contestation qui monte dans le pays, y compris au sein de l’armée. Le lendemain, 250 réservistes des services de renseignement ont à leur tour signé une tribune déclarant que « la guerre sert avant tout des intérêts personnels et politiques et non des intérêts de sécurité ». Espérons que cette contestation s’étende encore et cherche clairement la voie de la solidarité avec le peuple palestinien.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a alarmé sur la situation à Gaza, dénonçant notamment le blocus par Israël de l’aide humanitaire. Il a notamment déclaré : « Depuis plus d’un mois, pas la moindre aide n’est entrée dans Gaza. Pas de nourriture, pas de carburant, pas de médicaments, pas de biens commerciaux. Alors que l’aide se tarit, les vannes de l’horreur se sont rouvertes… Gaza est un champ de mort et les civils sont piégés dans une boucle sans fin de mort. » Avec son culot habituel, l’État sioniste a nié tout blocus alors que des files d’attente de centaines de camions apportant de l’aide sont stoppés à la frontière égyptienne. Mais il aurait tort de se gêner, assuré du soutien de l’impérialisme américain et du silence complice des puissances européennes.

Le Bureau central palestinien des statistiques a révélé qu’en 2024 les occupants israéliens se sont emparés de 4 600 hectares de terres palestiniennes par des confiscations foncières systématiques. En règle générale l’armée israélienne confisque ces terres « pour ra250401 – Pitié Salpetrièreisons militaires » avant de les céder… aux colons. De son côté, Bezalel Smotrich, le ministre d’extrême droite des Finances, a déclaré, lors d’une visite dans la région en compagnie de son collègue de la Défense, Israël Katz, que l’an dernier la destruction de maisons et de bâtiments appartenant à des Palestiniens « avait battu un record ». Génocidaires, racistes, colonialistes et fiers de l’être…

Les autorités israéliennes ont ouvertement reconnu avoir ouvert le feu sur des ambulances et de voitures de pompiers envoyées pour porter secours à des civils dans le quartier Tel al-Sultant, à Rafah. Neuf secouristes sont portés disparus. Ils étaient membres du Croissant-Rouge palestinien et de la défense civile de Gaza. L’armée israélienne affirme qu’elle avait identifié ces véhicules comme « suspects » mais « après une première enquête, il a été déterminé que certains des véhicules suspects étaient des ambulances et des camions de pompiers ». On tire et on tue d’abord, on enquête ensuite. Une logique implacable d’un occupant génocidaire. Depuis le début de la guerre à Gaza plus de 1000 médecins et infirmiers et 192 travailleurs humanitaires dépendant de l’ONU ont perdu la vie, tous accusés par Israël d’être peu ou prou « complices » des terroristes.

Une marche de solidarité avec la Palestine est organisée aujourd’hui à Paris avec départ à 14 heures de la gare de l’Est. Elle vise à commémorer « La Journée de la terre » en souvenir de grandes manifestations et des grèves qui eurent lieu le 30 mars 1976, d’abord en Galilée puis dans le Néguev parmi les Arabes israéliens, et ensuite à Gaza et en Cisjordanie, pour protester contre la confiscation de 2 500 hectares de terres arabes au profit de la colonisation sioniste. L’armée intervint contre les manifestants et la répression se solda par six morts, une centaine de blessés et des centaines d’arrestations. Depuis, ce jour est célébré comme un symbole de la lutte des Palestiniens pour leurs droits. Une lutte qui se poursuit aujourd’hui malgré les bombes et la répression.

Depuis le 18 mars, l’armée israélienne a rompu la trêve et repris ses raids sur Gaza. À l’heure actuelle le bilan est de 830 morts et plusieurs milliers de blessés parmi la population gazaouie. Quant au bilan total depuis le début de la guerre il s’élève à plus de 50 000 morts, à 70 % des civils, près de 10 000 disparus et 113 000 blessés. Il faut ajouter la famine, le manque d’eau et d’électricité et la destruction des structures médicales. Et certains font mine de s’interroger pour savoir s’il s’agit « vraiment » d’un génocide. La réponse est cent fois oui.

Emilio Meslet, journaliste à L’Humanité a été interdit de couvrir la pseudo « Conférence internationale contre l’antisémitisme » qui s’est tenue à Jérusalem les 26 et 27 mars, un évènement auquel avaient été invitées nombre de figures de l’extrême droite européenne dont Jordan Bardella et Marion Maréchal-Le Pen. Le retrait de son accréditation lui avait été annoncé sans explication au dernier moment, juste avant son départ pour Israël. Rien de très étonnant dans tout cela puisque Netanyahou s’attaque systématiquement aux médias qui critiquent sa politique, comme le quotidien israélien de centre-gauche Haaretz et la chaîne de télévision locale Channel 12 qui sont devenues les bêtes noires de son gouvernement.