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Palestine

Un nouveau raid israélien a tué vendredi sept Palestiniens dans un appartement du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Selon le ministère de la Santé, cela porte à 45 206 tués et 107 512 blessés le nombre de victimes depuis le début de la guerre il y a 14 mois. Le génocide continue avec la complicité, active ou passive, de la plupart des pays occidentaux.

Si l’annexion pure et simple de la Cisjordanie à l’État sioniste dans le cadre du « Grand Israël » est un leitmotiv de l’extrême droite israélienne depuis des décennies, les choses pourraient s’accélérer dans les mois qui viennent. En effet, le ministre israélien des Finances, qui appartient à cette mouvance, a déclaré que la guerre actuelle était « une excellente occasion » pour mener à bien cette annexion d’autant plus que l’entrée en fonction de Donald Trump, le mois prochain, devrait faciliter les choses, ce dernier ayant, lors de son premier mandat, reconnu en 1981 l’annexion par Israël de Jérusalem-Est et de 70 % du plateau syrien du Golan. Selon le quotidien The Times of Israël, Smotrich a déjà informé « les employés de l’organisme du ministère de la Défense chargé des affaires civiles israéliennes et palestiniennes en Cisjordanie » de son intention de « fermer le département dans le cadre d’une annexion israélienne envisagée de la région ». Une décision qui pourrait mettre à feu et sang la Cisjordanie et ajouter encore à l’horreur de la situation actuelle au Moyen-Orient.

Ismaïl Lghazaoui, un militant de la branche locale du mouvement international de soutien aux Palestiniens « Boycott, désinvestissement et sanctions » (BDS) est jugé devant le tribunal de première instance d’Aïn Sebaa, près de Casablanca. Il est accusé d’« incitation à commettre des crimes et des délits ». En détention depuis le 19 novembre, on lui reproche notamment de s’opposer à la « normalisation » entre Israël et le Maroc, voulue par le roi Mohammed VI et qui se poursuit malgré les massacres à Gaza et au Liban. Déjà, fin octobre, BDS protestait contre l’arrestation de plusieurs de ses militants qui avaient ciblé la présence d’une entreprise israélienne au festival international des dattes, dans l’oasis d’Erfoud, ladite entreprise commercialisant des fruits récoltés en Cisjordanie occupée. Au Moyen-Orient, la monarchie marocaine est complètement alignée sur Washington et Paris alors que son opinion publique soutient les Palestiniens.

Dans la nuit de vendredi à samedi, l’armée israélienne a mené une nouvelle attaque contre un hôpital de Gaza en visant cette fois le complexe hospitalier Kamal Adouane. En octobre 2024, les forces israéliennes avaient déjà pris d’assaut cet hôpital en prétextant « la présence de terroristes » à l’intérieur. L’OMS venait de faciliter l’entrée d’une délégation médicale d’urgence indonésienne, celle-ci a reçu l’ordre de quitter définitivement les lieux. Aujourd’hui, dans le nord de Gaza, les trois principaux complexes hospitaliers ne fonctionnent presque plus. Les hôpitaux sont parmi les cibles privilégiées de la politique génocidaire et de terreur menée par l’État israélien.

Dans un rapport très documenté – qui s’appuie sur des recherches de terrain, des images satellites et des déclarations de hauts responsables israéliens – Amnesty International a accusé l’État d’Israël de « commettre un génocide » contre les Palestiniens dans l’enclave. L’ONG de défense des droits humains met en avant les trois actes constitutifs, selon elle, d’un génocide. Le premier est le meurtre d’un groupe ethnique donné, le second la disparition de plusieurs générations sous les bombes et le troisième l’imposition à la population de conditions de vie entraînant une mort lente, du fait notamment de la famine et du manque de soins. Agnès Callamard, la secrétaire générale de l’organisation, a déclaré lors d’une conférence de presse à La Haye : « Mois après mois, Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe de sous-humains, indigne du respect des droits humains et de la dignité, démontrant son intention de les détruire physiquement. » Pendant ce temps, les pays riches, dont la France, continuent de soutenir la politique de l’État d’Israël.

Un Palestinien a été blessé et plusieurs bâtiments incendiés dans deux localités du nord de la Cisjordanie lors d’attaques de colons israéliens. Les violences ont eu lieu à Huwara, au sud de Naplouse, où une maison et deux voitures ont été incendiées, ainsi qu’à Beit Fourik, à l’est de la ville, où un entrepôt et deux voitures ont été brûlées. Les colons entendaient ainsi « se venger » contre le fait que l’armée avait démantelé des baraquements provisoires qu’ils avaient érigés près de Beit Fourik. Huit colons ont été arrêtés, suspectés notamment d’avoir attaqué les forces de l’ordre et causé des dommages matériels, selon un communiqué commun de la police et du Shin Bet, le service de renseignement intérieur. Cela dit, ils ne risquent pas grand-chose. Car non seulement la justice est généralement clémente à leur égard mais, il y a quelques semaines, le gouvernement israélien a annoncé qu’à l’avenir la détention administrative – qui permet de détenir sans jugement une personne soupçonnée de crimes ou de délits graves – ne s’appliquerait plus aux colons juifs mais uniquement aux Arabes. Un pas de plus dans la voie de l’apartheid.