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Palestine

Une fois n’est pas coutume. Les États-Unis ont qualifié de « terroriste » une attaque de colons israéliens contre le village de Burqua, situé à l’est de Ramallah. Au cours de cette attaque un homme de 19 ans, Qusai Jamal Maatan, a été tué par balle. Pour faire bonne mesure, Washington a aussitôt salué les autorités israéliennes qui ont arrêté deux suspects. Mais tout cela est une sinistre farce. D’abord parce que cette attaque a eu lieu sous la protection… de l’armée israélienne. Ensuite parce qu’un des suspects arrêtés, qui vit dans l’avant-poste « illégal » de Migron, ne risque pas de rester détenu très longtemps. En effet, il s’agit d’un proche du raciste Itamar Ben Gvir, suprémaciste juif et actuel ministre de la Sécurité publique au sein de la coalition gouvernementale. Washington appelle en outre à ce que justice soit rendue « avec la même rigueur » dans tous les cas de violence extrémiste, « quels qu’en soient les auteurs »… sauf si ces derniers appartiennent bien sûr au gouvernement israélien.

Sur demande du Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire général publie chaque année un rapport qui répertorie les violations des droits des enfants dans une vingtaine de zones de conflits dans le monde et liste en annexe les responsables de ces violations, qui incluent enfants tués et mutilés, recrutements, enlèvements ou violences sexuelles. L’ambassadeur israélien aux Nations unies a protesté après avoir été notifié de l’ajout de l’armée israélienne à cette « liste de la honte » qui doit être publiée le 18 juin. L’an dernier, les forces armées russes et groupes armés « affiliés » opérant en Ukraine avaient fait leur apparition sur cette liste mais pas Israël. L’inscription d’Israël cette année est « une décision complètement justifiée du secrétaire général, même si elle aurait dû être prise depuis longtemps », a déclaré Louis Charbonneau, de l’ONG Human Rights Watch, qui a réclamé également l’inscription du Hamas et d’autres groupes djihadistes palestiniens. Alors bien sûr cela ne ramènera pas à la vie les dizaines de milliers d’enfants palestiniens tués par l’État sioniste depuis des décennies mais c’est une mesure symbolique qui met à mal la culture d’impunité dont a bénéficié pendant trop longtemps Israël auprès de l’opinion occidentale.

Le chef de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a accusé Israël d’avoir frappé « sans avertissement préalable » une école de son organisation abritant 6 000 personnes déplacées. La frappe a eu lieu à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Selon lui les forces israéliennes n’ont donné aucun « avertissement préalable, ni aux personnes déplacées ni à l’Unrwa », rappelant que son agence « partage les coordonnées de toutes (ses) infrastructures (y compris de cette école) avec l’armée israélienne et les autres parties au conflit ». Pour l’ONG israélienne de défense des droits humains B’Tselem, cette frappe « constitue potentiellement un crime de guerre ». Depuis le début de la guerre plus de 180 structures de l’Unrwa ont été touchées, ce qui a entraîné la mort de plus de 450 personnes déplacées.

Des photos d’un prisonnier, yeux bandés et mains sur la tête, et de détenus derrière des grilles sont parus dans la presse israélienne et ont révélé l’existence d’un centre de détention jusqu’alors inconnu dans la base militaire de Sede Teman, dans le sud du pays. La Croix-Rouge n’y est jamais entrée et un médecin israélien qui a visité des prisonniers blessés sous couvert d’anonymat, témoigne : « Dans la tente-hôpital, il y avait deux rangées de dix lits. Je n’ai pas su qui ils étaient. Ces patients n’avaient pas de nom. Ces blessés avaient les mains et les pieds menottés au lit. Ils avaient les yeux bandés, ils étaient nus et portaient juste une couche-culotte. » Le port de menottes jour et nuit aurait provoqué de graves blessures qui ont conduit à au moins deux cas d’amputations et, selon le quotidien Haaretz, 27 détenus seraient décédés de blessures ou faute de soins durant leur incarcération. Pour l’instant l’armée sioniste a refusé de confirmer l’existence de ce Guantanamo israélien en promettant « d’enquêter ». Une façon de se moquer du monde.

C’est au Zénith de Caen, dans le Calvados, que s’est déroulée la 6e édition du Prix Liberté. Créé par la région Normandie et décerné par des jeunes du monde entier de 15 à 25 ans consultés par Internet, il récompense chaque année une personnalité ou une organisation engagée dans un combat pacifique. Cette année plus de 14 000 jeunes avaient répondu à l’appel et ont choisi le jeune journaliste palestinien Motaz Azaïza pour sa couverture de la guerre de Gaza. Comme il est très difficile pour les journalistes étrangers d’entrer à Gaza, « il se sent investi d’une cause : témoigner au monde entier et en temps réel de la vie sous les bombes dans l’enclave palestinienne », explique une vidéo de présentation du Prix. L’une de ses photos a été classée parmi les 10 meilleurs clichés de l’année par le Time Magazine. Dès l’annonce de sa nomination, la droite, l’extrême droite, une partie des macronistes et des organisations sionistes et assimilées ont demandé que ce prix lui soit retiré en l’accusant d’être « antisémite ». Une rengaine éculée qui commence à fatiguer.

L’armée israélienne poursuit son offensive sur Rafah, alors que le bilan s’élève désormais à 36 479 morts dont 95 au cours des dernières 48 heures. De son côté, l’ONU, en se basant sur des images satellite, estime qu’environ 55 % des bâtiments de Gaza ont été endommagés ou détruits suite à la guerre. La quasi-totalité des bâtiments concernés sont des logements, au nombre de 135 142. Cette estimation est basée sur des images satellite collectées le 3 mai et comparées à d’autres images prises depuis mai 2023, y compris le 15 octobre dernier, quelques jours après le début de la guerre. Mais les autorités de Jérusalem continuent d’affirmer – avec cynisme et toute honte bue – que les opérations militaires ne sont pas dirigées contre la population civile.

Une enquête menée par le quotidien britannique The Guardian, et les magazines israélo-palestiniens +972 et Local Call, révèle comment Israël a espionné, piraté et fait pression sur le personnel de la Cour pénale internationale (CPI) enquêtant en 2021 sur de possibles crimes de guerre commis par l’État hébreu en Cisjordanie occupée. Intitulée « Surveillance et interférence : la guerre secrète d’Israël contre la CPI dévoilée », cette enquête a été publiée une semaine après que le procureur de la CPI, Karim Khan, a réclamé des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et des dirigeants du Hamas. C’est la prédécesseure de Khan, Fatou Bensouda, qui a été victime de ces attaques. Le chef du Mossad, Yossi Cohen, un proche allié de Netanyahou, avait fait intercepter ses communications (appels téléphoniques, messages, courriels…) et l’avait même directement menacée en lui déclarant : « Vous devriez nous aider et nous laisser prendre soin de vous. Vous ne voulez pas vous engager dans des choses qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille. » L’État sioniste est loin d’être le seul à utiliser ces méthodes de voyou, mais il le fait avec un cynisme provoquant.