À l’initiative de la CGT Amazon France, des salariés des centres logistiques de tout le pays (Lyon, Paris, Marseille…) se sont mis en grève de dimanche à mardi alors que les négociations annuelles s’annonçaient. Face aux propositions méprisantes de l’entreprise – 2 % d’augmentation, autrement dit des miettes ! ; moins de flexibilité sur les jours de repos – qui brasse plus de dix milliards de chiffre d’affaires rien qu’en France, une partie des employés opposent une revalorisation digne, à hauteur de 15 %, une meilleure répartition des profits et le passage à 32 heures par semaine.
Un piquet mis sous pression et intimidations
Des piquets se sont mis en place sur différents sites, dont celui d’Augny en Moselle, le plus grand du pays avec environ 4 000 personnes. Ils étaient une poignée de grévistes à avoir mis en place un barrage filtrant sur les deux accès à la base logistique pour empêcher les camions d’acheminer les colis qui y transitent. Pendant 24 heures, ils ont tenu bon malgré le froid et surtout les intimidations multiples : défilé de managers, contremaîtres et huissiers pour imposer une pression constante. Surtout, la municipalité a envoyé à plusieurs reprises la gendarmerie faire le pigeon-voyageur : « Il va falloir partir, mais on attend un arrêté nous autorisant à vous faire quitter les lieux. » Pas étonnant lorsqu’on sait que la ville touche un chèque de 450 000 euros chaque année pour assurer sereinement les activités d’Amazon. La multinationale se la joue grand mécène auprès de mairies à court de subventions publiques, fait du chantage à l’emploi, pour s’assurer le soutien des forces de l’ordre !
Sous les colis, des conditions de travail déplorables
Les travailleurs mobilisés ont bien eu raison de ne pas se démonter. Ils nous confient qu’à l’intérieur de la boîte la réalité de l’exploitation est quotidienne : le turn-over est soutenu, les retards sur les salaires récurrents, les attaques contre l’organisation syndicale sont monnaie courante et le flicage sur la productivité de chacun est permanent. Sur ce point, alors que le site traite chaque jour 500 000 colis, la direction locale aimerait passer à 620 000… sans annoncer de nouvelles embauches ni revalorisation en conséquence !
Une mobilisation qui pèse dans la balance !
Le piquet a été levé à lundi à 18 heures. La perspective pour les salariés ? Remettre ça et rassembler plus largement encore après les NAO si Amazon ne concède rien sur leurs revendications. Ils peuvent déjà être fiers de l’impact de leur action d’une journée : nationalement, ils ont fait perdre 25 à 30 millions de chiffre d’affaires à l’entreprise. Démonstration une fois encore que la richesse et les profits c’est bien eux qui les produisent et qu’ils ont toutes les raisons de croire en la force de leurs luttes !
Correspondant