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Nouvelle formule et droits télé : reprise agitée pour le foot business

Face aux pressions des grands clubs des pays les plus riches du football européen pour une « super-ligue » fermée, l’UEFA a réagi, comme à son habitude, en obéissant à ces maitres. La ligue des champions a donc été refondue pour la énième fois. Il s’agit encore d’augmenter le nombre de rencontres (donc de droits TV, recettes guichet et merchandising pour les clubs et l’UEFA) : une poule unique de 36 équipes contre 32 auparavant, durant laquelle chaque club dispute deux matchs supplémentaires plus un tour de barrage.

Les grands clubs et l’UEFA jouent avec le feu, à l’heure où les audiences patinent et où le jeune public semble délaisser ces « affiches sensationnelles » bimensuelles. D’autant qu’une contestation inattendue se fait jour du côté des joueurs. Pas n’importe lesquels : ce sont les plus doués qui montent au créneau. Rodri, milieu espagnol de Manchester City, a été le premier à dénoncer la surcharge des calendriers, rapidement imité par Marquinhos, capitaine du PSG, ou Jules Koundé du FC Barcelone. Ils mettent en relation l’inflation du nombre de matchs (60 à 70 d’août à juillet) et les impacts sur leur santé, et, à un degré moindre, sur la qualité du spectacle. Le spectre de la grève des millionnaires hante l’Europe du football !

L’individualisme forcené de ce milieu et la probabilité finalement réduite d’une contestation réelle d’un système dont ils profitent, ne rend pas moins sympathique la saine réaction des joueurs, dont la plupart revendiquent des racines populaires. Et pourquoi pas se souvenir des moyens d’action de leur classe d’origine ?

Les vrais pirates de la retransmission télé

Autorités sportives et diffuseurs du football s’émeuvent du piratage qui serait en augmentation. Leurs coups de pression à la messagerie Telegram où circulaient beaucoup de liens illégaux, semble porter leurs fruits… en attendant de nouveaux biais pour ne pas payer les abonnements prohibitifs !

Vincent Labrune, patron de la Ligue de football professionnel (LFP), a comparé le piratage au fait de « voler le sac d’une vieille dame ». Mais qui vole qui ? Pour regarder huit matchs sur neuf par journée de Ligue 1, il faut payer 30 euros par mois à la plateforme DAZN, en s’engageant sur douze mois, alors que le championnat s’arrête en mai ! Sans compter les compétitions européennes.
Ces tarifs sont rendus exorbitants par la dépendance du football aux droits télés. La LFP vend aux diffuseurs le droit de retransmettre les matchs, puis redistribue aux clubs une somme qui représente en moyenne la moitié de leur budget. Depuis quelques années, la LFP cherche à gonfler la valeur de ces droits, pour atteindre la barre symbolique du milliard d’euros par an. Elle y était arrivée en 2020, au prix d’une catastrophe industrielle puisque le diffuseur, Mediapro, avait fini par jeter l’éponge. Mais, vaille que vaille, la LFP continue de suivre la même politique. Tant pis pour les amateurs, tant mieux pour les profiteurs du foot business !

Bastien Thomas et Philippe Cavéglia