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Ouganda : les ravages de l’impérialisme français

TotalEnergie avait signé un accord en 2022 avec l’Ouganda, la Tanzanie et une compagnie chinoise, Cnooc, pour un projet d’infrastructure et d’extraction des ressources qui comprenait la construction d’un oléoduc et le forage de 419 puits pétroliers, dont un tiers seraient au beau milieu du parc national de Murchison Falls.

Un réservoir écologique menacé de mort

Ce parc est en fait la plus grande aire naturelle protégée d’Ouganda et est une réserve exceptionnelle de biodiversité, abritant 144 espèces de mammifères, 556 espèces d’oiseaux, 51 espèces de reptiles, 51 espèces d’amphibiens et 755 espèces de plantes. Depuis le début des forages il y a plus d’un an, les conséquences sont déjà désastreuses, comme le souligne un rapport publié en septembre par l’association ougandaise Afiego et les Amis de la terre France. La faune est très impactée par toutes les infrastructures, en particulier les plateformes pétrolières dont deux sont situés à moins d’un kilomètre du lac Albert, une des plus grandes réserves de poissons et d’oiseaux d’Ouganda, vitale à l’économie locale de la pêche, bordé par plusieurs zones humides également impactées. De plus, les tours de forage émettent de la lumière visible sur de grandes distances, ce qui perturbe la faune nocturne, notamment les grands prédateurs.

Ce projet provoque des répercussions néfastes au-delà des limites du parc. Des troupeaux d’éléphants fuyant en dehors des limites les bruits de chantiers de forage et dévastant tout sur leur passage ont causé la mort de cinq personnes depuis le début des travaux. La construction de l’oléoduc d’Afrique de l’Est, long de 1440 kilomètres, qui devrait relier la zone d’extraction du lac Albert en Ouganda vers le port de Tanga en Tanzanie, va traverser de nombreux villages et zones agricoles appartenant aux populations locales.

L’opposition au projet se fait sentir

Des représentants de ces communautés impactées ainsi que des militants écologistes se mobilisent depuis plusieurs mois pour l’arrêt du projet, malgré une répression féroce qui a conduit à l’incarcération de dizaines de personnes lors de manifestations, dont quatre étudiants arrêtés le 15 septembre dernier qui risquent un an d’emprisonnement. En juin dernier, un activiste avait été arrêté par des milices à la solde du pouvoir, enfermé et frappé pendant plusieurs jours. Des méthodes d’intimidation malheureusement fréquentes dans ce pays dirigé d’une main de fer par le président Museveni, au pouvoir depuis 1986.

Un projet pleinement soutenu par l’État français

Total bénéficie largement du soutien du gouvernement ougandais, ainsi que de l’État français. Macron avait notamment envoyé un message de soutien à son homologue ougandais concernant son accord avec le projet. Une nouvelle illustration du rôle que joue toujours l’impérialisme français, au service de ses multinationales, dans le pillage des pays d’Afrique.

Jean Einaugig