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Parlottes à l’ONU et crimes de Netanyahou, manifestons notre soutien au peuple palestinien

Lundi 10 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une nouvelle résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Il en avait voté une première en mars dernier, après déjà six mois de guerre et déjà 30 000 morts : sans effet. Il est vrai qu’en mars les USA s’étaient abstenus lors du vote. Cette fois ce sont eux-mêmes qui ont proposé la résolution. Et Antony Blinken, l’envoyé de Biden, est allé à nouveau en tournée au Moyen-Orient, rencontrant à la fois Netanyahou et son opposant du moment, le général Gantz, qui vient de démissionner du cabinet de guerre pour se positionner en remplaçant possible (et plus « raisonnable » même aux yeux des USA) de l’extrémiste actuel chef du gouvernement israélien.

Mais les États-Unis ne sont inquiets que par une chose, la crainte que le massacre à Gaza ne déstabilise les régimes voisins du maréchal Sissi en Égypte ou du roi de Jordanie. Leurs réticences ou appels à la modération n’empêchent pas Netanyahou de poursuivre sa guerre, assuré qu’il est du soutien indéfectible des États-Unis, comme de la France ou la Grande-Bretagne à Israël.

Gantz lui-même, qui avait accepté de rejoindre le gouvernement au lendemain du 7 octobre, en tant que ministre sans portefeuille dans le Conseil de guerre, ne vient de le quitter qu’en déclarant que « Netanyahou nous empêche d’avancer vers une réelle victoire ». Ce qu’il reproche à Netanyahou est de ne pas avoir un plan pour la gestion de Gaza dans l’après-guerre. Sa solution à lui serait « la mise en place d’une administration américano-européano-arabo-palestinienne qui gérera les affaires civiles ». Ce n’est qu’une nuance par rapport à la politique actuelle, dont Gantz espère qu’elle puisse lui rallier ces milliers d’Israéliens qui, à plusieurs reprises, ont manifesté ces dernières semaines contre la politique guerrière de Netanyahou, mais qui ne le font pour l’instant que sur le terrain limité du problème des otages que l’extrémisme de Netanyahou met en danger. Cette façon de sortir enfin du guêpier d’une guerre, au prolongement de laquelle nombre d’Israéliens commencent à être opposés, ne se résumerait donc qu’à la mise en place d’une autorité relais, chargée de maintenir l’ordre dans le ghetto de Gaza, avec sa misère et sous ses décombres.

Face au mécontentement qui a commencé à se manifester en Israël contre la prolongation de la guerre, Netanyahou espérait avoir lui-même trouvé une parade par l’opération militaire qui a abouti, samedi 8 juin, à la libération par l’armée israélienne de quatre otages : preuve disait la propagande que guerre et libération des otages ne seraient pas contradictoires, mais au contraire seraient l’une le moyen de l’autre. Même les familles des otages libérés n’en ont pas été convaincues puisque, lundi 10 juin, la mère d’un des otages libéré deux jours plus tôt déclarait : « Les otages restants ont besoin d’un accord pour rentrer chez eux sains et saufs. »

Cette opération de libération des quatre otages avait elle-même été un carnage. Un soldat israélien y a trouvé la mort, mais, côté palestinien, l’opération a fait plus de 270 morts et près de 700 blessés : c’est un déluge de feu qui s’est abattu sur un marché et les maisons environnantes d’un camp de réfugiés surpeuplé, bombardements, tirs d’artillerie, interventions des hélicoptères et des chars. L’intervention, dans ce cadre, du commando spécialisé chargé de récupérer les otages a été menée avec l’aide des USA eux-mêmes, des services de renseignements américains et d’une équipe de conseillers militaires en poste en Israël, comme le signale la presse américaine (sur la chaine de CNN et dans le New York Times du 8 juin notamment).

Les jours précédents, dans la nuit du 5 au 6 juin, c’est une école transformée en camp de réfugiés géré par l’UNRWA (l’Office de l’ONU de secours aux réfugiés palestiniens au Proche-Orient) qui était bombardée, faisant 37 morts.

Ce ne sont pas les résolutions de l’ONU, ni les voyages d’un Blinken qui mettront fin à la guerre à Gaza, et encore moins à l’oppression du peuple palestinien. À nous de faire pression sur nos propres gouvernements par nos manifestations. Plus elles sont nombreuses, plus elles peuvent être un encouragement non seulement pour les Palestiniens, mais pour tous ceux qui, dans les pays arabes voisins, se sentent profondément solidaires d’eux, mais sont eux-mêmes en butte à leurs gouvernements, saoudiens, jordaniens, égyptiens qui tous, sous la houlette des USA, se sont depuis des années réconciliés avec le pouvoir israélien, et interdisent chez eux les manifestations de soutien à la Palestine. Et un encouragement aussi à ceux, pour l’instant encore très minoritaires, qui en Israël même s’opposent non seulement à l’escalade guerrière, mais de façon générale au racisme d’État d’Israël et à l’oppression du peuple palestinien.

Olivier Belin