Dans la nuit du 19 au 20 août dernier, au moins 2 043 enfants ont dormi à la rue. Ce décompte opéré par l’Unicef ne tient compte que des appels passés au 115 (l’hébergement d’urgence) restés sans solution. Des centaines, voire des milliers d’autres mineurs dorment aussi dehors cette semaine. Depuis 2020, ce chiffre est en constante augmentation, loin des promesses gouvernementales de faire du sort de la jeunesse une priorité…
L’école dans l’œil du cyclone
Quartier pauvre rime souvent avec école délabrée : pas assez de mobilier, infestation de rongeurs, infiltration de la pluie. À Marseille, certains enseignants doivent faire classe dans les couloirs. Et si l’argent manque rarement pour bunkériser les bâtiments au nom de la sécurité, l’isolation thermique reste en revanche à la traîne dans bon nombre des 51 000 établissements scolaires – le Sénat a bien rendu un rapport en juin 2023, constatant que les fonds disponibles sont largement sous-utilisés et promettant une loi, mais rien n’a bougé.
En cette rentrée, il manque au moins 3 000 profs, qui n’ont pas été recrutés faute de candidats aux concours. Le métier ne fait plus rêver. Les salaires enseignants ont décroché de 25 % par rapport au coût de la vie ces 20 dernières années. Les suppressions de postes ont rendu les mutations pour rapprochement de famille plus longues à décrocher, voire parfois quasi impossibles. Les conditions de travail se sont dégradées.
Alors les rectorats bouchent les trous comme ils peuvent en embauchant des contractuels d’autant moins enclins à rester qu’ils sont encore plus mal payés que les titulaires. Au final, ce sont nos enfants qui en pâtissent. Car dans les milieux bourgeois, ça fait longtemps que la progéniture ne fréquente plus l’école publique, mais cette petite frange de l’école privée qui n’attire que les rejetons de riches.
Ils jouent les prolongations…
Pourtant, à en croire la ministre de l’Éducation nationale Belloubet, tout marcherait à merveille. Elle a assuré à la presse que les « réformes » engagées iront au bout. Les groupes de niveau en français et en maths en 6e et 5e sont unanimement décriés, parce qu’ils vont accentuer un tri social déjà fort dans le système éducatif français ? On les rebaptise « groupes de besoins » et le tour serait joué ?
Pas plus que Belloubet, le reste du gouvernement n’a l’air pressé de rendre son tablier. Ils ont pourtant été largement mis en minorité dans les élections du début de l’été. Et dans les classes populaires, ce n’est plus du rejet mais carrément de la détestation que suscitent les macronistes.
… renvoyons-les au vestiaire
Dans son éditorial du week-end, le journal Le Monde s’alarme de voir Macron ne pas nommer de nouveau Premier ministre, au « risque […] que les Français estiment que voter ne sert à rien et que la protestation se fasse dans la rue ». Bien vu, à un détail près : ce n’est pas un « risque », c’est la solution !
Ce n’est ni de l’Élysée, ni de Matignon que nous obtiendrons, par exemple, l’abrogation de la réforme des retraites qui oblige à partir à 64 ans, encore moins le retour aux 60 ans à taux plein pour tous et toutes. Les « premiers ministrables » penchent plutôt pour la retraite à 66 ans !
Il en va de même pour à peu près tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Le terrain sur lequel nous pouvons les résoudre, c’est celui de la lutte, pas celui de ces institutions faites par et pour les possédants.
Les conducteurs des bus scolaires de plusieurs villes dans les jours qui viennent d’un côté, et de l’autre le 10 septembre dans l’éducation nationale, les profs sont ainsi appelés à la grève. C’est tant mieux que dès le début s’exprime la colère, mais cela ne doit pas être un petit tour et puis s’en va. De leur côté, la CGT et Solidaires appellent l’ensemble du monde du travail à l’action le 1er octobre. Il s’agit de ne pas en rester à des journées isolées, mais d’aller vers une lutte d’ensemble, vers la grève générale. Fédérer les colères pour faire enfin payer les riches, les actionnaires et le grand patronat.
Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 2 septembre 2024