L’offensive militaire menée par les rebelles islamistes dans le nord du pays leur a permis, pour la première fois depuis 2011, de s’emparer d’Alep, la seconde ville syrienne, et de vastes régions aux alentours. Cette opération fait craindre une reprise des hostilités après une guerre civile qui a ravagé le pays pendant dix ans, fait au moins 500 000 morts et contraint 6,6 millions de personnes à fuir le pays, notamment vers la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Égypte. Mais, au-delà des appels traditionnels hypocrites des États-Unis et de l’Union européenne à « tous les pays » à œuvrer pour une « désescalade », il est probable que, non seulement la Turquie, mais Israël et les États-Unis appuient les insurgés. En effet, l’assaut lancé en commun par des groupes islamistes et d’autres soutenus par la Turquie (membre de l’Otan) n’a été rendu possible que du fait de l’affaiblissement des deux soutiens traditionnels de Bachar al Assad : la Russie et l’Iran. La première a rapatrié de Syrie une partie de son aviation pour les envoyer sur le front ukrainien. Quant aux dirigeants iraniens, après les pertes subies par le Hezbollah, leur allié libanais, ils font face à des attaques et à des menaces croissantes de la part d’Israël qui les occupent désormais en priorité. Tout cela souligne un peu plus l’isolement d’Assad, dont le régime dictatorial est bien utile aux grandes puissances lorsqu’il s’agit de réprimer les soulèvements populaires, mais dont Washington et ses alliés veulent décourager toute velléité de jouer plus avant la carte russe dans un Moyen-Orient largement dominé par l’impérialisme américain.