En cette période de troubles politiques, certains profiteurs de guerre savent placer leurs pions sur l’échiquier. C’est le cas de l’actuelle présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, qui a décidé de se faire un nom en annonçant une coupe budgétaire historique pour les secteurs de la culture, des sports et de l’égalité hommes-femmes. L’État demande aux collectivités de faire 40 millions d’économie, pas de soucis, elle est prête à en faire 100 millions. Dans l’espoir d’avoir un poste au soleil ? Mais tandis que cette décision va peut-être jouer en la faveur de sa carrière, elle va faire perdre leur travail à des milliers de professionnels.
Comme l’expliquait l’un des intervenants de la CGT Spectacle lors du rassemblement du 25 novembre dernier, cette coupe budgétaire n’est rien de moins qu’un gigantesque plan de licenciement à l’échelle du territoire, c’est à la mode. À titre d’exemple, le Festival Les Escale perd la totalité de sa subvention régionale, ce qui représente l’emploi de 80 intermittents payés à temps plein sur une semaine de 35 heures. Mais ce ne sont bien sûr pas les seuls dans ce cas, les associations telles que CIDFF, SOS inceste, le planning familial et beaucoup d’autres structures d’aides sociales se voient privées de ces fonds publics et ne seront plus en mesure d’accompagner les victimes ou de continuer leur travail de prévention.
Des réactions se font entendre localement et nationalement. France Inter le rappelle : les Pays de la Loire, sont le berceau d’artistes de renom, tels que Zaho de Sagazan, Katerine, Dominique A, etc. Comment aurions-nous pu les découvrir sans l’accompagnement des structures qui perdent aujourd’hui leur financement ? La maire de Nantes déplore aussi la perte de plus-value économique que représente le secteur culturel public pour le territoire. Bien sûr, couper les subventions à la culture c’est laisser le champ libre aux financeurs privés qui se sont déjà emparés de la majorité des grands festivals nationaux.
Au-delà de l’aspect financier et show-business, n’oublions pas l’humain. Réduire le budget de la culture c’est aussi réduire l’accès au savoir aux plus précaires et aux plus jeunes, à l’art et à l’esprit critique. Le festival Utopiales explique ainsi que le recours aux financements publics lui permet de proposer des billets à prix réduits et d’accueillir des groupes scolaires de toute la ville. N’oublions pas non plus toutes les structures de moindre taille mais qui prennent le relais de l’État au quotidien dans les quartiers, auprès des personnes les plus fragilisées, en leur proposant des moments de respiration par le sport ou par des clubs artistiques, dans des lieux qui fédèrent au-delà du métro-boulot-dodo.
En s’en prenant à la culture, au sport et aux associations de défense des droits des femmes, Christelle Morançais et ses amis politiques ont l’air de vouloir nous dire : « La fête est finie ! » Mais de quelle fête parle-t-on ? N’oublions pas que, même avant ces coupes violentes, les choses allaient déjà mal dans ces secteurs, que les violences sexistes sont en augmentation et que la précarité a malheureusement de beaux jours devant elle. Le choix de société des gouvernants au service des nantis est donc clair : la guerre et l’aliénation de tout être humain pouvant rapporter des profits. Nous étions des milliers dans la rue le 25 novembre à Nantes, nous devons continuer à nous mobiliser pour affirmer que de ce monde là on en veut pas ! Rassemblons-nous avec toutes celles et ceux qui luttent en ce moment pour vivre plutôt que survivre. La richesse de ce pays, c’est nous qui la produisons, à nous de décider ce qu’on en fait !
Anne Bodiguel