
Sur LCP-Assemblée nationale, le jeudi 16 octobre, un DébatDoc animé par Jean-Pierre Gratien était consacré à Léon Trotski. Les accroches du film (Léon Trotsky, un homme à abattre, réalisé en 2022 par Marie Brunet-Debaines) comme du débat (« Que reste-t-il du trotskisme ») étaient alléchantes. Ce n’est pas tous les soirs… Mais…
Un film intéressant pour ses documents d’archives, bien que centré sur des éléments anecdotiques de la vie du révolutionnaire internationaliste, compagnon de Lénine, chef de l’armée rouge, et traqué à partir de la fin des années 1920, puis dans les années 1930 par Staline qui s’est attaché à liquider physiquement au terme d’une parodie de grands procès toute une génération révolutionnaire dont les combats et perspectives allaient à l’encontre de son tournant réactionnaire. Un film sur le mode du thriller, chasse à l’homme de Staline contre Trotski – ex-chef de l’armée rouge expulsé d’URSS, puis d’autres pays dont la France prétendument démocratique et la Norvège, pour terminer ses jours au Mexique, assassiné en août 1940 par Ramón Mercader, au terme d’un scénario machiavélique et têtu des services secrets staliniens. Le film accorde une part mince aux combats politiques de Trotski, mais rappelle pourtant que si Staline n’a pas lâché sa traque, c’est qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Trotski et la Quatrième Internationale qu’il venait de fonder en 1938, représentaient une perspective et un drapeau révolutionnaires pour les exploités et opprimés du monde, et que de cette deuxième boucherie mondiale, comme de la première, pouvait sortir une révolution. Les chefs impérialistes de l’époque ne l’ignoraient pas et Staline leur servait la soupe ! Images rappelant l’enjeu : celles des obsèques du révolutionnaire, à Mexico, qui rassemblèrent deux cent mille personnes. Mais c’était août 1940, la guerre était enclenchée et emportait tout…
Si le chef révolutionnaire était enterré, ses idées et son programme pourtant ne l’étaient pas, d’où l’intitulé accrocheur du DébatDoc qui suivait : « Que reste-t-il du trotskisme ? » Et là, étrangement, aucune figure ou représentant d’un des groupes trotskistes existant et militant aujourd’hui. Trois protagonistes étaient invités par le présentateur : Jean-Numa Ducange, un universitaire spécialisé dans l’histoire de la social-démocratie française et allemande ; Christophe Bourseiller, un acteur, journaliste, essayiste, intéressé par les milieux et figures d’extrême gauche auxquels il a consacré des ouvrages – tous deux restant dans leur domaine ; et un dinosaure de la gauche politicienne française, Jean-Christophe Cambadélis, ex-député et ex-premier secrétaire du Parti socialiste, inquiété et condamné à quelques reprises par la justice pour détournement de fonds à des fins personnelles. « Connaisseur » du trotskysme ? Bof, pour l’avoir quitté après un passage dans ses rangs, il y a quarante ans pour une carrière bourgeoise plus lucrative, y compris par ses à-côtés arsouilles !
Heureusement qu’il reste autre chose du trotskisme que cette scorie… Un courant révolutionnaire, certes petit, mais bien identifié par sa participation aux luttes de classe et par la richesse et la cohérence de son programme, représenté en France par Lutte ouvrière, le Parti des travailleurs, notre NPA-Révolutionnaires et quelques autres…
Michelle Verdier